Résumé de la décision :
M. et Mme B... ont contesté un jugement du tribunal administratif de Grenoble qui avait rejeté leur demande de décharge d'impositions et de pénalités fiscales, après un examen de leur situation fiscale au titre des années 2009 et 2010. L'administration fiscale avait inscrit des crédits sur leurs comptes bancaires pour les considérer comme des revenus non déclarés, conduisant à une taxation d'office. La cour a confirmé le jugement du tribunal administratif, statuant que l'administration avait agi conformément à la loi et qu'elle avait correctement neutralisé certains mouvements de compte à compte, tout en vérifiant que les comptes n'étaient pas exclusivement professionnels.
Arguments pertinents :
1. Examen et neutralisation des mouvements bancaires :
- La cour a jugé que les arguments de M. et Mme B... concernant le recours à l'article L. 16 du livre des procédures fiscales n'étaient pas fondés. L'administration avait effectivement neutralisé les mouvements de compte à compte avant de demander des justifications.
2. Absence d'examen critique :
- Les requérants ont soutenu que l'administration devait interroger les contribuables sur la nature de leurs comptes bancaires avant de leur adresser des demandes d'éclaircissements. La cour a toutefois précisé qu'il n'était pas nécessaire pour l'administration d'effectuer un examen critique préalable des crédits bancaires, mais qu'elle devait s'assurer que ces comptes n'avaient pas un caractère exclusivement professionnel.
3. Conclusions sur les revenus non déclarés :
- En dépit des neutralisations effectuées, les crédits constatés sur les comptes dépassaient substantiellement les revenus bruts déclarés de M. et Mme B..., justifiant ainsi la décision de l'administration fiscale de procéder à des rehaussements d'imposition.
Interprétations et citations légales :
- Code général des impôts - Article L. 16 :
- « En vue de l'établissement de l'impôt sur le revenu, l'administration peut demander au contribuable des éclaircissements. (...) Elle peut également lui demander des justifications lorsqu'elle a réuni des éléments permettant d'établir que le contribuable peut avoir des revenus plus importants que ceux qu'il a déclarés. »
Cette disposition permet à l'administration de demander des précisions sur les revenus déclarés si elle soupçonne des revenus dissimulés mais ne l'oblige pas à un examen critique avant de saisir le contribuable. Cela a été interprété comme une flexibilité de la part de l'administration dans le cadre de ses enquêtes fiscales.
- Neutralisation de mouvements bancaires :
- La cour a souligné que les virements entre les comptes de l'intéressé devaient être neutralisés pour déterminer un juste montant à prendre en compte lors de la comparaison avec les revenus déclarés. Cela souligne l'importance d'un calcul précis basé sur des flux réels pour évaluer les revenus cachés.
- Impact de l'absence d'un caractère exclusivement professionnel :
- L'administration avait la latitude d'évaluer la nature des comptes pris en considération, ce qui signifie qu'il suffit que les comptes n'aient pas un caractère exclusivement professionnel pour être inclus dans l'analyse. Cela renforce le principe selon lequel les différents types de comptes (personnels vs professionnels) doivent être considérés dans le contexte global des vérifications fiscales.
En conclusion, la décision de la cour se fonde sur des interprétations strictes des textes législatifs, garantissant que les droits de l'administration fiscale sont préservés tout en respectant les principes de justice et de transparence dans le processus d'imposition.