Résumé de la décision
Dans cette affaire, Mmes G... C..., E... F..., ainsi que les frères F... ont interjeté appel d'un jugement du tribunal administratif de Dijon, qui avait rejeté leur demande de réparation du préjudice moral résultant du suicide de M. B... F..., un détenu décédé le 25 décembre 2017. Les requérants soutenaient que la responsabilité de l'État était engagée en raison d'un manquement à la surveillance pénitentiaire. La cour d'appel a confirmé le jugement du tribunal administratif, estimant qu'aucune faute de négligence n'avait été démontrée de la part de l'administration pénitentiaire.
Arguments pertinents
1. Responsabilité de l'État : La cour a rappelé que la responsabilité de l'État peut être engagée en cas de préjudice moral ou matériel subissant du fait du suicide d'un détenu, si cela résulte d'une faute des services pénitentiaires, comme un défaut de surveillance.
"La responsabilité de l'État en cas de préjudice matériel ou moral résultant du suicide d'un détenu peut être recherchée pour faute des services pénitentiaires en raison notamment d'un défaut de surveillance ou de vigilance."
2. Évaluation du risque suicidaire : Pour que la responsabilité de l'État soit retenue, il doit être établi que l'administration n'a pas pris les mesures nécessaires pour prévenir le suicide, en fonction des informations dont elle disposait. Dans cette affaire, la cour a conclu qu'il n'y avait pas d'éléments suffisants pour établir un risque suicidaire avéré.
"Aucune faute de négligence dans la prévention de son acte ne peut ainsi être reprochée au personnel pénitentiaire de nature à engager la responsabilité de l'État."
3. État psychologique de M. B... F... : Les circonstances entourant le suicide montrent que M. F... ne présentait pas de signes évidents de danger imminent. Il avait exprimé qu'il ne tenterait pas de se suicider et avait reporté un rendez-vous psychiatrique par choix, ce qui a été pris en compte dans la décision.
"Il ne résulte pas de l'instruction qu'il présentait un risque suicidaire avéré, notamment pendant la période courant du 27 novembre 2017.”
Interprétations et citations légales
La décision s'appuie principalement sur le Code de justice administrative et le Code de procédure pénale, dont les dispositions régissent les conditions de responsabilité de l'État en matière de services publics, en particulier dans le contexte pénitentiaire.
1. Code de justice administrative - Article 421-1 : Cet article précise que la responsabilité de l'État est engagée dans des circonstances où une faute a été commise par les services de l'État, ici en parlant d'imperfections dans le service judiciaire ou pénitentiaire.
2. Code de procédure pénale - Article 145 : Cet article évoque les obligations de l'administration pénitentiaire en matière de suivi des détenus, tout en soulignant que l'administration doit agir dans le cadre du raisonnable compte tenu des circonstances.
En résumé, la cour a veillé à appliquer des normes de diligence raisonnable tout en reconnaissant que le personnel pénitentiaire avait respecté ses obligations à l'égard de M. B... F..., ce qui a conduit à la conclusion que leur responsabilité ne pouvait pas être engagée sur la base des éléments présentés par les requérants. Ainsi, les demandes de réparation ont été rejetées.