Résumé de la décision
La société Matériel Location Services (MLS) a formé appel d'un jugement du tribunal administratif de Grenoble, qui avait rejeté sa demande de paiement de 192 662,46 euros TTC au département de la Haute-Savoie, considérée comme tardive et irrecevable. La cour a confirmé cette décision, concluant que la demande de MLS était en effet irrecevable en raison du non-respect des délais prévus pour la contestation d'un décompte final dans le cadre d'un marché public de travaux.
Arguments pertinents
1. Irrecevabilité de la demande : La cour a mis en avant que la société MLS a présenté sa demande au tribunal après l'expiration du délai de six mois, qui a commencé à courir suite à une décision implicite de rejet de la réclamation formulée par MLS, comme le stipule l'article 50.3.2 du CCAG. Ainsi, le département de la Haute-Savoie a bien opposé une fin de non-recevoir, considérée comme valable.
Citation pertinente : "La saisine du juge administratif du contrat, le 11 septembre 2015, est donc intervenue après l'expiration du délai de six mois prévu par ce même article."
2. La décision implicite de rejet : La cour a souligné que le silence gardé par le département sur la réclamation de MLS dans un délai de quarante-cinq jours avait entraîné une décision implicite de rejet, ce qui a été fondamental pour établir le caractère tardif de la saisine du tribunal.
Citation pertinente : "L'absence de notification d'une décision dans ce délai équivaut à un rejet de la demande du titulaire."
3. Rejet des frais de litige à la charge de l'administration : Enfin, la cour a souligné que, conformément à l'article L. 761-1 du code de justice administrative, aucune somme ne pouvait être mise à la charge du département de la Haute-Savoie, car ce dernier n'était pas la partie perdante dans cette instance.
Citation pertinente : "Les dispositions de l'article L. 761-1 du code de justice administrative font obstacle à ce qu'une somme soit mise à ce titre à la charge du département de la Haute-Savoie."
Interprétations et citations légales
La décision de la cour se fonde sur plusieurs textes légaux qui définissent le cadre des marchés publics et les procédures de réclamation. Parmi les articles clé :
- CCAG - Article 13.4.4 : Cet article établit le cadre concernant la contestation d'un décompte général, précisant qu'un entrepreneur dispose d'un délai de quarante-cinq jours pour faire valoir ses réserves.
Citation directe : "L'entrepreneur dispose d'un délai fixé à quarante-cinq jours à compter de la notification du décompte général..."
- CCAG - Article 50.3.2 : C'est cet article qui spécifie les délais de réclamation après la décision prise par le représentant du pouvoir adjudicateur, incluant les conséquences d'une absence de réponse.
Citation directe : "Pour les réclamations auxquelles a donné lieu le décompte général du marché, le titulaire dispose d'un délai de six mois..."
- Code de justice administrative - Article L. 761-1 : Cet article, qui encadre les frais de justice dans les instances administratives, a été interprété par la cour pour justifier le rejet de la demande de remboursement des frais à la charge du département.
Citation directe : "Les dispositions de l'article L. 761-1... font obstacle à ce qu'une somme soit mise à ce titre à la charge du département..."
En conclusion, la cour a strictement appliqué les délais et le cadre procédural posés par le CCAG, confirmant le jugement de première instance et rejetant l'appel de MLS pour non-respect des délais de contestation, ce qui souligne l'importance de la rigueur dans les procédures judiciaires en matière de marchés publics.