Résumé de la décision
Le 11 avril 2019, la cour administrative d'appel a annulé le jugement du tribunal administratif de Dijon du 30 janvier 2018, ainsi que la décision du préfet de Saône-et-Loire du 14 décembre 2017 ordonnant le transfert de Mme C... épouse A... vers les Pays-Bas pour l'examen de sa demande d'asile. La cour a jugé que la décision de transfert était illégale en raison de l'absence de preuve d'un accord de transfert de la part des autorités néerlandaises. Par ailleurs, la cour a accordé une indemnité de 700 euros à l'avocate de Mme A... pour frais de justice, tout en rejetant les autres demandes.
Arguments pertinents
1. Absence d'accord de reprise en charge : La cour a souligné que pour effectuer un transfert d'un demandeur d'asile, l'autorité administrative doit prouver qu'elle a obtenu l’accord de l'État membre responsable. En l'espèce, Mme A... contestait l'existence de cet accord, ce que le préfet n'a pas pu démontrer : « ... l'existence de cet accord n'étant pas établie, la décision de transfert en litige est entachée d'illégalité. »
2. Motivation de la décision : La cour a fait valoir que la décision de transfert n'était pas suffisamment motivée, ce qui constitue un manquement aux obligations procédurales de l'administration.
3. Droit d'asile : La cour a mentionné que la décision de transfert faisait partie des obligations imposées par le règlement européen sur l'asile, qui nécessite un examen particulier de la situation d'un demandeur d'asile.
Interprétations et citations légales
1. Règlement (UE) n° 604/2013 - Article 18 : Cet article décrit les obligations des États membres concernant la reprise en charge des demandeurs d'asile. La cour a appliqué le paragraphe suivant :
- « 1. L'État membre responsable en vertu du présent règlement est tenu de : (...) d) reprendre en charge, dans les conditions prévues aux articles 23, 24, 25 et 29, le ressortissant de pays tiers ou l'apatride dont la demande a été rejetée et qui a présenté une demande auprès d'un autre État membre... »
2. Code de l'entrée et du séjour des étrangers et du droit d'asile - Article L. 742-6 : Cet article stipule que si la décision de transfert est annulée, l’autorité administrative doit statuer à nouveau sur le cas de l'intéressé. La cour a précisé que l’article impose une obligation de réévaluation de la demande d’asile.
3. Frais d'avocat : La cour a fait référence aux articles L. 761-1 du code de justice administrative et 37 de la loi n° 91-647 du 10 juillet 1991 pour justifier la condamnation de l'État à verser une indemnité à l'avocate de Mme A... :
- « ... il y a lieu, dans les circonstances de l'espèce, sous réserve que Me N'Diaye, avocate de Mme A..., renonce à percevoir la somme correspondant à la part contributive de l'État, de mettre à la charge de l'État le paiement à cette avocate d'une somme de 700 euros au titre des frais liés au litige. »
En conclusion, la décision de la cour administrative d'appel met en lumière les obligations procédurales des États membres dans la gestion des demandes d'asile, tout en rappelant l'importance de la motivation des décisions administratives et du respect des droits des demandeurs.