Résumé de la décision
La cour administrative a accueilli la requête de M. E..., ancien chargé de mission musiques actuelles pour l’association HLMD, contesté la décision permettant son licenciement pour motif économique par l’inspectrice du travail. La cour a constaté qu'il y avait eu un transfert d'activité de l'association au département de la Haute-Loire, ce qui aurait dû garantir à M. E... la reprise de son contrat de travail en vertu de l'article L. 1224-1 du code du travail. En conséquence, la cour a annulé le jugement du tribunal administratif de Clermont-Ferrand et la décision de l'inspectrice du travail, et a ordonné à l'État de verser 2 000 euros à M. E... en vertu des dispositions de l'article L. 761-1 du code de justice administrative. Les demandes du département de la Haute-Loire ont été rejetées.
Arguments pertinents
1. Transfert d’entité économique : La cour a établi que le département de la Haute-Loire a bien repris l’activité de l’association HLMD, et qu’un transfert d’une entité économique autonome a eu lieu. Ce constat est fondamental dans l'application de l'article L. 1224-1 du code du travail, lequel stipule que tous les contrats de travail subsistent lors d'un tel transfert.
2. Obligation de reprise : En ayant repris une part significative des employés, des matériels musicaux et des locaux, le département était légalement tenu de proposer un nouveau contrat à M. E..., contredisant ainsi la décision de l'inspection du travail d'autoriser son licenciement, décrite comme erronée par la cour : « …ce faisant, cela fait obstacle à ce que l'inspection du travail autorise son ancien employeur à le licencier pour motif économique. »
Interprétations et citations légales
1. Interprétation de l’article L. 1224-1 du code du travail :
- Cet article prévoit que, lors d'un transfert de l'activité d'un employeur à un autre, les contrats de travail se poursuivent entre le nouvel employeur et le personnel. La cour a interprété que la reprise effective par le département de la Haute-Loire constituait un transfert d'entité économique. Cela se traduit par le fait que M. E... aurait dû être repris au sein de son nouveau cadre d’employeur.
2. Interprétation de l’article L. 1224-3 du code du travail :
- L'article précise que lorsque les activités d'une entité sont transférées à une personne publique, cette dernière doit proposer un nouveau contrat de travail aux anciens employés. Cette disposition impose une obligation claire au département d’accepter la reprise du contrat de M. E..., ce qui a été négligé dans la décision de l'inspectrice.
3. Citation directe :
- « Lorsque survient une modification dans la situation juridique de l'employeur… tous les contrats de travail en cours au jour de la modification subsistent entre le nouvel employeur et le personnel de l'entreprise » (Code du travail - Article L. 1224-1).
- « Lorsque l'activité d'une entité économique employant des salariés de droit privé est, par transfert de cette entité, reprise par une personne publique … il appartient à cette personne publique de proposer à ces salariés un contrat de droit public » (Code du travail - Article L. 1224-3).
En somme, cette décision met en lumière l'importance des dispositions relatives au transfert d'entité économique et confirme la nécessité pour les employeurs publics de respecter les droits des salariés lors de la reprise d'activités privées.