Résumé de la décision
La requête de Mme A..., ressortissante guinéenne née le 14 février 2001, vise à contester un jugement du tribunal administratif de Dijon ainsi qu'un arrêté préfectoral en date du 9 août 2019 qui refusait son titre de séjour, lui imposait une obligation de quitter le territoire français, fixait son pays de destination et lui interdisait de revenir sur le territoire français pour deux ans. La cour administrative d'appel a décidé d'annuler le jugement précédemment rendu, arguant d'une irrégularité de procédure et en indiquant qu'il n'était pas possible de considérer la solution au litige comme certaine, étant donné que les pièces produites par Mme A... n'avaient pas été authentiquement jugées. La cour a renvoyé l'affaire au tribunal administratif de Dijon pour un nouvel examen.
Arguments pertinents
1. Irrégularité de procédure : La cour a constaté que le tribunal administratif a statué sans avoir pu valider les documents présentés par Mme A..., ce qui rend le jugement attaqué irrégulier. La nécessité d’un débat contradictoire est essentielle avant de discréditer les preuves apportées. La cour affirme : « le tribunal qui ne disposait pas d'éléments lui permettant de prendre position sur ces pièces, ne pouvait les écarter comme inauthentiques sans débat contradictoire ».
2. Compétence liée et défaut d'examen : Selon la cour, le préfet ne devrait pas se considérer en compétence liée face à la situation personnelle de Mme A..., conformément aux dispositions du code de l'entrée et du séjour des étrangers et du droit d'asile. La cour note qu'il existe un défaut d'examen sérieux de la situation : « elle ne représente pas une menace pour l'ordre public, d'un défaut de base légale ».
Interprétations et citations légales
1. Code de l'entrée et du séjour des étrangers et du droit d'asile - Article L. 511-1 : Ce texte stipule les conditions selon lesquelles une obligation de quitter le territoire peut être imposée, ainsi que la possibilité de départ volontaire. La cour souligne qu'un refus de délai de départ doit être justifié par une évaluation des circonstances individuelles, soulignant le manquement du préfet à cette évaluation.
2. Directive 2008/115/CE du 16 décembre 2008 : La cour mentionne que le refus de titre de séjour était entaché d’erreur d’appréciation, ne tenant pas compte de la situation spécifique de Mme A..., qui n’encourt pas de risque de fuite. Cette directive européenne impose une obligation d’analyse individuelle des situations avant l'éventuelle expulsion d'un étranger, et la non-conformité à ces dispositions a conduit à l'annulation.
3. Article R. 611-8 du code de justice administrative : Cet article stipule la possibilité pour le président de décider qu'il n'y a pas lieu à instruction lorsque la solution est évidente. La cour explique que dans ce cas, la solution n'est pas certaine, ce qui justifie la nécessité de rouvrir le dossier devant le tribunal.
La cour, par sa décision, affirme les principes fondamentaux relatifs à la protection des droits des étrangers en France, en mettant en avant l'importance d'une évaluation rigoureuse et individuelle des cas de demandeurs de titre de séjour.