Résumé de la décision
Dans cette affaire, le ministre de l'intérieur a contesté un jugement du tribunal administratif de Lyon qui avait annulé sa décision du 4 mars 2019, laquelle opposait une prescription quadriennale à la mise en paiement d’une créance due à M. A..., au titre d'un avantage spécifique d'ancienneté. M. A... avait obtenu par une décision juridictionnelle antérieure, une injonction d’attribuer cet avantage, ainsi que de reconstituer sa carrière et de lui verser les sommes correspondantes pour les années 2005 et 2006. La cour a rejeté la requête du ministre, confirmant que la décision antérieure avait force de chose jugée et que le paiement ne pouvait pas être soumis à la prescription.
Arguments pertinents
1. Force de chose jugée : La cour a rappelé que la décision n° 1801746 rendue le 9 octobre 2018, qui a enjoint au ministre de l'intérieur de reconstituer la carrière de M. A... et de lui verser son arriéré de traitement, est revêtue de l’autorité de thing judged. En d’autres termes, les décisions judiciaires doivent être exécutées et ne peuvent être remises en cause par la suite, y compris en matière de paiement.
> "En aucun cas, la prescription ne peut être invoquée par l'Administration pour s'opposer à l'exécution d'une décision passée en force de chose jugée." - Loi n° 68-1250 du 31 décembre 1968, article 7.
2. Injonction de paiement : La cour a également souligné que la décision a ordonné un paiement sans restriction, et que le ministre s’était abstenu d’invoquer la prescription durant l’instance, ce qui l’a empêché de le faire lors de la mise en paiement.
> "L'Etat s'étant abstenu d'opposer l'exception de prescription à la demande d'injonction en liquidation de la somme à verser."
Interprétations et citations légales
1. Loi du 31 décembre 1968 :
- Article 1er : "Sont prescrites, au profit de l'Etat (...), et sous réserve des dispositions de la présente loi, toutes créances qui n'ont pas été payées dans un délai de quatre ans ..."
- Article 7 : "En aucun cas, la prescription ne peut être invoquée par l'Administration pour s'opposer à l'exécution d'une décision passée en force de chose jugée."
Ces articles soulignent la distinction entre la prescription ordinaire des créances et celle des décisions judiciaires. La loi établit clairement que les décisions ayant acquis force de chose jugée ne sauraient être affectées par la prescription. Cela assure un équilibre entre la viabilité financière de l'État et la protection des droits des agents publics.
2. Code de justice administrative :
- Article R. 222-1 : Cet article fait référence aux fondements juridiques des décisions administratives. Le fait que l'ordonnance ait tranché le fond du litige montre l'importance de la décision dans le cadre des contestations administratives.
Cette analyse des textes légaux et des arguments de la cour met en lumière la solidité de la décision rendue, en réaffirmant les principes de sécurité juridique et de prééminence des décisions judiciaires sur les créances administratives.