Résumé de la décision
Dans cette affaire, M. D... a contesté la décision du ministre de l'Intérieur qui lui refusait le paiement d'un avantage spécifique d'ancienneté du fait de la prescription quadriennale prévue par la loi du 31 décembre 1968. Par une ordonnance datée du 12 octobre 2018, le tribunal administratif a annulé ce refus et ordonné la reconstitution de la carrière de M. D... ainsi que le versement des sommes dues pour les années 2010 à 2013. Le ministre a tenté de contester cette décision en soutenant que la créance était prescrite. Le tribunal a rejeté cette requête, confirmant la force obligatoire de l'ordonnance initiale et l'inexistence de la prescription dans ce cas.
Arguments pertinents
1. Force de chose jugée : Le tribunal a souligné que la décision du 12 octobre 2018 avait acquis force de chose jugée et était donc irrévocable. Le ministre ne pouvait pas invoquer la prescription pour refuser l'exécution de la décision qui lui avait enjoint de verser les rappels de traitement.
Citation pertinente : « En aucun cas, la prescription ne peut être invoquée par l'Administration pour s'opposer à l'exécution d'une décision passée en force de chose jugée » (Loi n° 68-1250 du 31 décembre 1968 - Article 7).
2. Injonction de paiement : L'ordonnance rendue en faveur de M. D... a expressément enjoint l'administration de verser les sommes dues, sans mention de restriction, et l'administration s'étant abstenue d'opposer la prescription lors de l'instance.
Citation pertinente : « L'ordonnance [...] enjoint, par voie de conséquence, au ministre de l'intérieur de reconstituer la carrière de l'intéressé et de lui verser l'arriéré de traitement correspondant à cette reconstitution, sans restriction ».
Interprétations et citations légales
1. Prescription quadriennale : Selon l'article 1er de la loi du 31 décembre 1968, les créances non payées dans un délai de quatre ans sont nulles, sauf exception. Cela met en lumière l'importance des délais pour les créances publiques, mais le tribunal a précisé que cette disposition ne s'applique pas lorsque la décision juridictionnelle claire a été rendue et que l'affaire a acquis force de chose jugée.
Citation pertinente : « Sont prescrites, au profit de l'Etat (...), toutes créances qui n'ont pas été payées dans un délai de quatre ans à partir du premier jour de l'année suivant celle au cours de laquelle les droits ont été acquis ».
2. Autorité de chose jugée : La décision du tribunal administratif a donc, par son caractère définitif, empêché toute contestation ultérieure des droits reconnus à M. D... par l'administration. Cela renforce le principe selon lequel les décisions de justice doivent être respectées et exécutées, préservant ainsi la sécurité juridique.
Citation pertinente : « Cette décision juridictionnelle tranche définitivement le fond du litige sur l’éligibilité de l'agent à l'avantage spécifique d'ancienneté et les conséquences à en tirer sur sa situation individuelle ».
Cette décision illustre bien la dichotomie entre la nécessité pour l'administration de respecter les décisions judiciaires et les contraintes de prescription qui peuvent parfois s’appliquer aux demandes de paiement.