Résumé de la décision
Le ministre de l'Intérieur a contesté un jugement du tribunal administratif de Lyon, qui avait annulé sa décision du 3 avril 2019, opposant une déchéance quadriennale au paiement des sommes dues à Mme A... au titre de l'avantage spécifique d'ancienneté pour la période de 1999 à 2012. Le tribunal avait également enjoint l'administration d'ordonnancer les paiements dus. La cour a rejeté la requête du ministre, statuant que la décision précédente était passée en force de chose jugée et que les obligations de paiement n'étaient pas affectées par la prescription quadriennale.
Arguments pertinents
1. Force de chose jugée : La cour a affirmé que la décision juridictionnelle n° 1800722 du 5 octobre 2018, qui avait statué sur l'attribution de l'avantage spécifique d'ancienneté à Mme A..., était devenue définitive. Elle soulève que "lorsqu'une décision juridictionnelle [a] expressément condamné l'administration à verser des rappels de traitement, la prescription quadriennale ne peut être opposée".
2. Injonction et exécution : Le jugement a soutenu que la décision de rétablir la carrière de Mme A... et de payer les arriérés était sans restriction. Le ministre de l'Intérieur "s'est abstenu d'opposer l'exception de prescription à la demande d'injonction", ce qui l'empêche de le faire postérieurement.
Interprétations et citations légales
- Article 1er de la loi n° 68-1250 du 31 décembre 1968 : "Sont prescrites, au profit de l'Etat (...), toutes créances qui n'ont pas été payées dans un délai de quatre ans". Cet article introduit la notion de prescription quadriennale applicable aux créances de l'État. Cependant, son application est strictement limitée lorsqu'une décision judiciaire est rendue en faveur d'un justiciable.
- Article 7 de la même loi : "En aucun cas, la prescription ne peut être invoquée par l'Administration pour s'opposer à l'exécution d'une décision passée en force de chose jugée". Cette disposition protège les droits des justiciables en affirmant que la prescription ne peut limiter l'exécution des décisions judiciaires.
- Articles du code de justice administrative : L'ordonnance n° 1800722, rendue sur le fondement du 6° de l'article R. 222-1, a annulé le refus de l'avantage. Cette décision, bien que sous forme d'ordonnance, est considérée pour la cour comme étant définitive et revêtue de l'autorité de chose jugée. La cour a souligné que la décision traitait directement de l'éligibilité de Mme A... et des conséquences de cette éligibilité pour sa carrière.
En somme, cette décision illustre l'importance de la protection des droits des agents publics concernant les décisions administratives et la manière dont le respect des décisions de justice prévaut face aux arguments de prescription soulevés par l'administration.