Résumé de la décision
Dans cette affaire, le ministre de l'intérieur conteste une décision rendue par le tribunal administratif de Lyon, qui a annulé une décision de l'administration opposant la déchéance quadriennale à la demande de M. A... concernant l'attribution de l'avantage spécifique d'ancienneté pour la période de 1998 à 2012. Le tribunal a enjoint au ministre de reconstituer la carrière de M. A... et de lui verser les sommes correspondant à cet avantage. Le Conseil d'État a confirmé cette décision en considérant que l'ordonnance n° 1800728 du 5 octobre 2018, qui avait condamné l'administration à verser les sommes dues, avait acquis force de chose jugée.
Arguments pertinents
1. Force de chose jugée : La décision juridictionnelle n° 1800728 est définitive sur le fond et ne peut plus être remise en cause. Le ministre ne peut pas invoquer la prescription, car "En aucun cas, la prescription ne peut être invoquée par l'Administration pour s'opposer à l'exécution d'une décision passée en force de chose jugée" (Loi n° 68-1250 - Article 7).
2. Reconstitution de carrière : L'article 2 du décret n° 95-313 stipule que l'ouverture de l'avantage spécifique d'ancienneté doit permettre une reconstitution de carrière, ce qui conduit à un rappel de traitements indiciaires successifs en cas d'annulation d'un refus. Cela renforce l'obligation de l'État de payer malgré la prescription quadriennale sur les créances en général.
3. Absence d'opposition à la prescription : Le ministre a choisi de ne pas soulever l'exception de prescription lors de l'instance précédente, ce qui l'empêche de le faire ultérieurement.
Interprétations et citations légales
1. Article de la loi de 1968: Les articles de la loi n° 68-1250 du 31 décembre 1968 précisent la prescription des créances sur l'État.
- Article 1 : "Sont prescrites... toutes créances qui n'ont pas été payées dans un délai de quatre ans..." souligne que les créances sont normalement soumises à une prescription quadriennale, mais cette règle n'est pas applicable dans le cas de décisions de justice ayant acquis force obligatoire.
- Article 7 : "En aucun cas, la prescription ne peut être invoquée..." pose un principe fondamental de protection des droits des demandeurs en cas de décision judiciaire.
2. Conséquence de l'annulation : L'ordonnance n° 1800728, qui "annule le refus d'accorder à M. A... l'avantage spécifique d'ancienneté", indique clairement que la décision judiciaire a des effets obligatoires, ce qui impasse toute contestation ultérieure concernant la période d'éligibilité et les montants dus.
3. Régime juridique de l'avantage spécifique : Les articles 11 de la loi n° 91-715 et 2 du décret n° 95-313, qui régissent l'attribution de l'avantage d'ancienneté, renforcent la conclusion selon laquelle l'avantage doit être accordé lorsque les conditions sont remplies, ce qui, dans ce cas, a été confirmé par le tribunal.
Ces points montrent que l'État est tenu de respecter les décisions judiciaires, même en présence de délais de prescription, quand l'ordonnance en question a été rendue en force de chose jugée et que l'État ne s'est pas opposé à ses effets lors des procédures antérieures.