Résumé de la décision
Dans cette affaire, le préfet de la Savoie a contesté un jugement du tribunal administratif de Lyon qui a annulé son arrêté du 6 février 2020 portant éloignement du territoire et interdiction de retour de Mme B..., en raison de son état de santé. Le préfet soutenait qu'il n'était pas tenu d'instruire la mesure d'éloignement en prenant en compte la situation médicale de la requérante. La cour a jugé que le préfet aurait dû vérifier la gravité de l'état de santé de Mme B... avant de décider son éloignement, en raison des obligations d'instruction imposées par les articles correspondants du code de l'entrée et du séjour des étrangers. Par conséquent, la cour a rejeté la requête du préfet.
Arguments pertinents
1. Obligation d'instruction : La cour a affirmé que, dans les cas où l'étranger évoque de graves problèmes de santé, l'administration doit obligatoirement procéder à une évaluation de sa situation médicale avant de prendre des mesures d'éloignement. En particulier, "lorsque l'étranger invoque la gravité de son état de santé, l'administration... a l'obligation... d'y donner suite".
2. Incohérence des déclarations : Les déclarations de Mme B... concernant sa pathologie ophtalmique n'ayant présenté aucune incohérence manifeste, cela a renforcé l'obligation du préfet de solliciter un certificat médical et un avis des professionnels compétents.
3. Conséquences de l'éloignement : La cour a souligné qu'il était crucial d'éviter des risques exceptionnellement graves liés à un retour dans le pays d'origine, ce qui implique que le préfet aurait dû s'enquérir de la capacité de Mme B... à recevoir des soins appropriés en Albanie.
Interprétations et citations légales
1. Code de l'entrée et du séjour des étrangers et du droit d'asile - Article L. 511-4 : Cet article stipule que certaines personnes ne peuvent être placées sous l'obligation de quitter le territoire français, notamment "10° L'étranger résidant habituellement en France si son état de santé nécessite une prise en charge médicale dont le défaut pourrait avoir pour lui des conséquences d'une exceptionnelle gravité".
2. Code de l'entrée et du séjour des étrangers et du droit d'asile - Article R. 511-1 : Ce texte précise les modalités de constatation de l'état de santé, en ce qui concerne l'obligation de recueillir un certificat médical et un avis d'un collège de médecins de l'OFII. Il stipule que "l'état de santé défini... est constaté au vu d'un avis émis par un collège de médecins à compétence nationale".
3. Implications de l'instruction : La cour a mis en lumière que l'absence de demande d'appréciation médicale par le préfet viole l'obligation d'instruction, car "ne sauraient lui être opposées... les dispositions des articles L. 511-4 (10°) et R. 511-1".
En somme, la décision souligne l'importance du respect des procédures d'instruction avant toute mesure d'éloignement, en particulier lorsque la santé de l'individu est en cause. La cour a clairement affirmé la nécessité de protéger les droits des étrangers en accord avec les dispositions légales en vigueur.