Résumé de la décision
M. E... a formé un recours contre un jugement du tribunal administratif de Toulon, qui avait rejeté sa demande d'annulation d'un arrêté préfectoral du 16 septembre 2019, le transférant aux autorités italiennes pour l'examen de sa demande d'asile. Il a soutenu que cet arrêté méconnaissait l'article 11 du règlement (UE) n° 604/2013, violait son droit à la vie privée et familiale selon l'article 8 de la Convention européenne des droits de l'homme, et était entaché d'incompétence. La Cour a rejeté la requête de M. E..., confirma le jugement du tribunal administratif, et a précisé que l'État n'était pas la partie perdante, ne lui accordant donc pas les frais liés au litige.
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Arguments pertinents
1. Incompétence du signataire de l'arrêté : La Cour a rejeté l'argument concernant l'incompétence du signataire, soulignant que M. F... C..., à qui avait été déléguée la compétence par le préfet, a agi dans le cadre de ses attributions. La Cour indique à ce sujet : "le moyen tiré de l'incompétence du signataire de l'arrêté attaqué manque en fait et doit être écarté."
2. Application de l'article 11 du règlement 604/2013 : La Cour a précisé que M. E... ne pouvait valablement soutenir que le préfet avait méconnu cet article, car l'annulation de l'arrêté concernant sa conjointe était sans rapport avec les critères de transfert prévus. La Cour a déclaré : "cette annulation [...] est totalement étrangère à l'application des critères du règlement du 26 juin 2013."
3. Atteinte à la vie privée et familiale : Concernant l'article 8 de la Convention, la Cour a estimé qu'en raison de l'arrivée récente de M. E... et de la possibilité de reconstituer sa cellule familiale en Italie, le préfet n'a pas porté atteinte de manière disproportionnée à son droit au respect de sa vie privée. Ainsi, elle a conclu : "le préfet [...] n'a pas porté une atteinte disproportionnée au droit de M. E... au respect de sa vie privée et familiale."
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Interprétations et citations légales
- Règlement (UE) n° 604/2013 - Article 11 : Cet article précise les responsabilités de l'État membre en matière d'asile lorsque des membres de la famille introduisent des demandes simultanément. La Cour a interprété cet article en fonction des critères de prise en charge, indiquant ainsi que l'annulation d'un arrêté infringeait peu les principes exposés dans le règlement, car la situation de M. E... ne justifiait pas une invocation de cet article du règlement.
- Convention européenne des droits de l'homme - Article 8 : Ce texte protège le droit au respect de la vie privée et familiale. La Cour a interprété que le caractère récent de l'arrivée de M. E... en France, ainsi que la possibilité de reconstitution de sa famille en Italie, signifiait que les autorités françaises n'avaient pas agi de manière disproportionnée, ce qui a conduit à la conclusion que l'article 8 n'avait pas été violé.
Cette décision illustre la manière dont les juridictions administratives interprètent et appliquent le droit européen et les conventions sur les droits de l'homme dans le contexte des demandes d'asile, en tenant compte de la situation individuelle du demandeur ainsi que des règlements en place.