Résumé de la décision
Mme A... a interjeté appel d'un jugement du tribunal administratif de Marseille du 14 octobre 2020 qui avait rejeté sa demande d'indemnisation pour le préjudice subi suite au retrait de son agrément d'assistante familiale, décidé le 17 juin 2014. Elle réclamait une réparation de 301 931,67 euros, invoquant tant une responsabilité pour illégalité fautive qu'une responsabilité sans faute du département des Bouches-du-Rhône. La cour a rejeté sa requête, affirmant que les motifs justifiant le retrait de l'agrément étaient fondés et que le préjudice allégué ne pouvait être retenu.
Arguments pertinents
1. Illégalité fautive : La cour a estimé que la décision du 17 juin 2014 n'était pas entachée d'illégalité, soulignant notamment que l'arrêt de relaxe obtenu par son fils en 2018 ne revêtait pas l'autorité de la chose jugée au moment du retrait de l'agrément. La cour note : "il s'agit d'un arrêt de relaxe non revêtu de l'autorité de la chose jugée".
2. Motifs du retrait d'agrément : La cour a rappelé que le retrait de l'agrément reposait non seulement sur les poursuites judiciaires, mais également sur des faits liés à la méconnaissance des conditions de garde des enfants, soulignant que "les éléments dont disposait l'administration [...] justifiaient une telle décision".
3. Preuve de préjudice : Mme A... n'a pas pu établir que le préjudice qu'elle prétendait avoir subi était anormal et spécial, la cour concluant que son comportement (contact avec les mineurs dont la garde lui avait été retirée) justifiait la décision d'appliquer le retrait d'agrément.
4. Conséquences : Finalement, la cour a conclu qu’il n’y avait pas lieu d’accorder l’indemnisation demandée, en précisant que "Mme A... n'est pas fondée à soutenir que c'est à tort que les premiers juges ont rejeté sa demande indemnitaire".
Interprétations et citations légales
La décision s'inscrit dans le cadre de la responsabilité administrative, examinant tant la responsabilité pour faute que la responsabilité sans faute :
1. Responsabilité pour illégalité : Selon les jugements administratifs, pour que la responsabilité soit engagée sur ce fondement, il faut établir que la décision en question était illégale au moment où elle a été prise. En citant le Code de l'action sociale et des familles et le Code de justice administrative, la cour précise que le retrait d'agrément peut reposer sur plusieurs éléments, et il appartient à la requérante de prouver l'illégalité :
- Code de justice administrative - Article L. 761-1.
2. Absence de préjudice spécial : La cour se fonde sur le principe de la rupture d'égalité devant les charges publiques pour évaluer si un préjudice est anormal et spécial. Une décision prise dans le respect des lois et règlements, même si elle est douloureuse pour l'individu concerné, ne peut pas constituer un fondement pour une indemnisation. Ce principe est bien illustré par :
- "Mme A... a adopté un comportement justifiant le retrait de son agrément et ne peut, par suite, utilement soutenir que cette décision lui a causé un préjudice grave".
Dans cette décision, la cour maintient un strict contrôle de l'illégalité des actes administratifs et refuse la théorie de la rupture d’égalité devant les charges publiques en cas d’observance des règles par l'administration, renforçant ainsi la sécurité juridique et la prévisibilité des actions administratives.