Résumé de la décision
L'EARL Denis Fabre a introduit une requête contre l'établissement SNCF-Réseau et l'État, demandant une indemnisation de 114 779,04 euros pour un préjudice économique résultant de la suppression d'un passage à niveau, qui a entraîné un allongement de parcours pour accéder à ses terres agricoles. Le tribunal administratif de Nîmes a rejeté sa demande, considérant que le préjudice allégué ne constituait pas un dommage anormal et spécial, et que les sujétions subies par l'EARL ne dépassaient pas celles que les usagers doivent supporter sans indemnité dans un but d'intérêt général.
Arguments pertinents
1. Recevabilité de la demande : Le tribunal a reconnu la recevabilité de la demande contre l'État, mais a jugé que les arguments de l'EARL Denis Fabre ne justifiaient pas une indemnisation.
2. Absence de préjudice anormal et spécial : Le tribunal a conclu que l'allongement de parcours de 6 kilomètres ne constituait pas un préjudice anormal et spécial, car la parcelle concernée ne représentait qu'une petite partie de l'exploitation agricole (7 des 33 hectares). De plus, la baisse du chiffre d'affaires n'était pas directement liée à cet allongement.
> "La gêne que cet établissement subit du fait de l'allongement de parcours n'excède pas, ainsi que l'ont retenu à bon droit les premiers juges, les sujétions normales que les usagers doivent supporter sans indemnité dans un but d'intérêt général."
3. Non-pertinence de l'expertise judiciaire : Le tribunal a estimé qu'il n'était pas nécessaire d'ordonner une expertise judiciaire pour évaluer le préjudice, car les éléments fournis par l'EARL ne permettaient pas d'établir un lien direct entre l'allongement de parcours et la perte de bénéfice.
Interprétations et citations légales
1. Responsabilité de l'administration : Selon le Code de justice administrative, les modifications apportées à la circulation générale ne donnent droit à indemnité que si elles entraînent des sujétions excédant celles que les usagers doivent supporter normalement. Cela est précisé dans le jugement :
> "Les modifications définitives apportées à la circulation générale et résultant des changements effectués dans l'assiette ou la direction des voies publiques existantes, ne sont pas de nature à ouvrir droit à indemnité."
2. Conditions d'indemnisation : Pour qu'un préjudice soit considéré comme anormal et spécial, il doit être direct et certain, ce qui n'a pas été établi dans ce cas. Le tribunal a souligné que la perte de bénéfice ne pouvait pas être directement attribuée à l'allongement de parcours :
> "Les documents comptables produits par l'EARL requérante, s'ils indiquent une baisse du chiffre d'affaires de l'exploitation, ne permettent pas de rattacher une perte de bénéfice à l'allongement de parcours litigieux."
3. Article L. 761-1 du Code de justice administrative : Les conclusions de l'EARL Denis Fabre au titre des frais exposés ont également été rejetées, car le tribunal a jugé qu'il n'y avait pas lieu de mettre à sa charge les frais de l'établissement SNCF-Réseau.
En conclusion, la décision du tribunal administratif de Nîmes a été de rejeter la requête de l'EARL Denis Fabre, considérant que les sujétions subies ne justifiaient pas une indemnisation, conformément aux principes établis par le Code de justice administrative.