Résumé de la décision :
La SARL Cuers Immobilier a contesté un jugement du tribunal administratif de Toulon, qui avait rejeté sa demande de condamnation de l'établissement public foncier de Provence-Alpes-Côte d'Azur à verser une somme de 391 650 euros au titre d'une commission perdue suite à une décision de préemption. La Cour a confirmé le jugement du tribunal administratif, en considérant que la SARL Cuers Immobilier n'avait pas établi que la décision de préemption avait directement causé son préjudice. En conséquence, la SARL Cuers Immobilier a été condamnée à verser 2 000 euros à l'établissement public foncier au titre de l'article L. 761-1 du code de justice administrative.
Arguments pertinents :
1. Absence de lien de causalité direct :
La Cour a estimé qu'il n'était pas suffisamment probable que la vente projetée aurait eu lieu en l'absence de la décision de préemption. Les termes de la promesse de vente (qui restait soumise à plusieurs conditions, y compris l'obtention d'un prêt) et le contexte des négociations (à savoir l'existence d'un bail à métayage) ne permettaient pas d'affirmer que la commission due aurait été perçue sans l'intervention de la préemption.
Citation pertinente :
"Il ne peut être tenu pour suffisamment probable qu’en l’absence de la décision de préemption du 25 septembre 2007, la vente projetée serait intervenue."
2. Prescription de la créance :
Bien que la Cour n'ait pas eu besoin de se prononcer sur la question de la prescription, les arguments de la SARL Cuers Immobilier soutenaient que la créance n'était pas prescrite, car elle n'avait été révélée qu'après l'annulation de la décision de préemption par un jugement antérieur du tribunal administratif.
Interprétations et citations légales :
1. Évaluation de la promesse de vente et des obligations contractuelles :
La Cour a pris en compte les termes du mandat de recherche et de la promesse de vente, qui stipulaient que cette dernière était conditionnée à l'absence d'engagement ferme de la SARL La Source. Cela souligne l'importance de la réalisation effective des conditions contractuelles pour pouvoir prétendre à un préjudice.
Code civil - Article 1134 (relatif au caractère obligatoire des conventions) :
"Les conventions légalement formées tiennent lieu de loi à ceux qui les ont faites."
2. Protection des droits des parties en matière de préemption :
La décision de préemption de l'établissement public foncier s'appuyait sur des prérogatives d'intérêt général, visant à protéger les principes d'urbanisme et d'aménagement du territoire.
Code de l'urbanisme - Article L.210-1 (concernant les droits de préemption) :
"Les collectivités territoriales ou leurs établissements publics peuvent, dans les conditions prévues par le code de l'expropriation pour cause d'utilité publique, exercer un droit de préemption."
3. Article L. 761-1 du code de justice administrative :
La Cour a statué selon les principes énoncés par cet article, qui dispose que la partie perdante dans le litige doit supporter les frais de justice.
Citation pertinente :
"Les dispositions de l'article L. 761-1 du code de justice administrative font obstacle à ce que soit mise à la charge de l'établissement public foncier Provence-Alpes-Côte d'Azur, qui n'est pas la partie perdante dans la présente instance, une quelconque somme au titre des frais exposés par la SARL Cuers Immobilier."
En conclusion, cette décision met en lumière des considérations contractuelles essentielles en matière de préemption et de droits à rémunération, ainsi que les critères auxquels les parties doivent se soumettre pour établir un lien de causalité en cas de litige.