Résumé de la décision
La société Baternya a contestant le refus de permis de construire par le maire de la commune d'Alenya, daté du 15 juin 2017, au motif que l'avis de la Commission nationale d'aménagement commercial (CNAC) était illégal. La cour administrative a jugé que la décision du maire était fondée sur une interprétation erronée des textes réglementaires. Elle a annulé l'arrêté du maire, considérant que la commune disposait d'un schéma de cohérence territoriale (SCOT) applicable, ce qui permettait à Baternya d'obtenir le permis de construire sollicité. En conséquence, la commune a été condamnée à verser une indemnité de 2 000 euros à Baternya pour frais de justice.
Arguments pertinents
1. Irrecevabilité du recours : La cour a rejeté l’argument selon lequel le recours de la SNC Lidl aurait dû être déclaré irrecevable par la CNAC, affirmant que la société Lidl, exploitante d'un supermarché dans la zone de chalandise, justifiait son intérêt à agir. « A peine d'irrecevabilité, le recours est motivé et accompagné de la justification de la qualité et de l'intérêt donnant pour agir de chaque requérant » (Code de commerce - Article R. 752-31).
2. Applicabilité du SCOT : La cour a constaté qu’un SCOT était applicable à Alenya en raison de l’annulation par la cour administrative d'appel de Marseille d'un précédent jugement annulant ce schéma. Cela a permis à la CNAC de faire un avis favorable basé sur l'existence d'un cadre légal pertinent. « La dérogation ne peut être accordée que si l'urbanisation envisagée ne nuit pas à la protection des espaces naturels, agricoles et forestiers... » (Code de l'urbanisme - Article L. 142-5).
3. Refus de dérogation : Le jugement a conclu que le refus de dérogation par le préfet était sans fondement légal, car le projet ne violait pas les critères d'une consommation excessive d'espace ou d'un impact excessif sur les transports. Ce refus étant basé sur une interprétation erronée des dispositions en vigueur, la cour a annulé l'arrêté du maire.
4. Responsabilité des frais d’instance : En application de l'article L. 761-1 du Code de justice administrative, la commune d'Alenya a été condamnée à verser des frais à la société Baternya, considérée comme partie gagnante au litige.
Interprétations et citations légales
1. Sur les conditions de recevabilité des recours, le Code de commerce - Article R. 752-31 pose des bases strictes, exigeant que la motivation soit claire et accompagnée de justifications probantes. La cour a souligné que, même en l'absence de preuve formelle par Baternya, la justification apportée par la CNAC suffisait à établir la légitimité du recours.
2. En matière de SCOT, le Code de l'urbanisme - Article L. 142-4 et Article L. 142-5 doivent être interprétés de manière conjointe. Alors que l'article L. 142-4 interdit certaines autorisations de construire dans des zones non protégées, l'article L. 142-5 permet des dérogations. La cour a confirmé que l'annulation d'un SCOT antérieur n'efface pas nécessairement le cadre applicable à la date de l'avis, ce qui a conduit à une décision favorable en faveur du projet de Baternya.
3. Quant aux frais d'instance, l'article L. 761-1 du Code de justice administrative précise les conditions de condamnation aux dépens. La cour a affirmé son interprétation des dispositions, stipulant qu’une partie perdante devait supporter les frais, ce qui a abouti à la condamnation de la commune, considérée comme responsable du litige.
Conclusion
Cette décision illustre l'importance culminante des réglementations en matière d'urbanisme et de l’aménagement commercial, ainsi que la nécessité d’un cadre juridique solide pour traiter les recours en matière d'autorisation de construire. En clarifiant les interrelations entre les différents aspects légaux, elle rappelle que le respect des procédures et des critères établis est essentiel pour garantir la légalité de telles décisions.