Résumé de la décision
M. C..., ancien militaire titulaire d'une pension d'invalidité au taux de 100%, a contesté un jugement du tribunal des pensions de Bastia qui a rejeté sa demande de révision de cette pension pour aggravation de deux infirmités, à savoir des "troubles de la personnalité" et un "syndrome déficitaire". M. C... a fait appel, soutenant que le tribunal n'avait pas pris en compte sa demande d'expertise et qu'il existait une aggravation de son état. La Cour régionale des pensions a finalement rejeté sa requête, considérant que l'absence de réponse explicite du tribunal n'entachait pas le jugement et que les éléments de santé fournis ne justifiaient pas une révision du taux d'invalidité.
Arguments pertinents
1. Regularité du jugement :
La Cour observe que, même si le tribunal n’a pas répondu explicitement à la demande d’expertise, il a implicitement écarté cette demande comme frustratoire. Cela indique une appréciation du tribunal sur la pertinence de la demande, ce qui est suffisant pour conclure à la régularité du jugement.
> "Ainsi, le jugement n'est entaché d'aucune irrégularité sur ce point."
2. Conditions pour la révision de la pension :
Selon l'article L. 29 du code des pensions militaires d'invalidité et des victimes de la guerre, une révision est possible uniquement si le degré d'invalidité est reconnu supérieur de 10 % au précédent taux. La Cour conclut que les nouvelles observations médicales ne témoignent pas d'une aggravation notable par rapport à l'état antérieur.
> "La pension ayant fait l'objet de la demande est révisée lorsque le degré d'invalidité résultant de l'infirmité ou de l'ensemble des infirmités est reconnu supérieur de 10 %…"
3. Expertise et évaluation médicale :
La Cour souligne que les expertises antérieures avaient constaté des états similaires aux niveaux actuels de M. C..., et que l'expert n'avait pas retrouvé d'aggravation significative, ce qui justifie le refus de révision de la pension par la ministre des armées.
> "…les troubles cognitifs caractérisant l'infirmité 'syndrome déficitaire' ne peuvent être regardés comme ayant été majorés par rapport au diagnostic établi dès 2004."
Interprétations et citations légales
La décision repose sur l'application stricte du Code des pensions militaires d'invalidité et des victimes de la guerre - Article L. 29, qui stipule les conditions de révision de pension. Ce cadre législatif impose une rigueur dans l'évaluation de l'aggravation des infirmités pour justifier une modification du taux.
De plus, la loi souligne l'importance des avis médicaux dans l'évaluation des problèmes de santé. La Cour s'est appuyée sur les constatations de l'expert administratif, remettant en question la valorisation de l'évolution de la condition de M. C.... En particulier, l'affirmation que les difficultés déjà identifiées en 2004 perdurent et ne s'aggravent pas appuie le jugement :
> "D'une part… les troubles phasiques qu'il n'a pas retrouvés en 2017, pas davantage que des troubles praxiques."
La décision de la Cour démontre ainsi l'importance de la continuité et de l'objectivité dans l'évaluation des invalidités et reconnaît que l'évolution d'un état de santé ne suffit pas à justifier la révision d'une pension dans le cadre des critères établis par la législation en vigueur.