Résumé de la décision
Mme A...B..., ressortissante marocaine, a demandé l'annulation d'un arrêté du 29 novembre 2017 du préfet du Var qui refusait de lui délivrer un titre de séjour et l'obligeait à quitter le territoire français. Le tribunal administratif de Toulon a rejeté sa demande par un jugement du 20 avril 2018, ce que Mme B... a contesté devant la Cour. La Cour a confirmé le jugement du tribunal administratif, rejetant la requête de Mme B..., tant concernant le refus de titre de séjour que l'obligation de quitter le territoire.
Arguments pertinents
1. Droit au respect de la vie privée et familiale : La requérante prétendait que la décision du préfet violait l'article 8 de la Convention européenne des droits de l'homme, qui garantit le droit au respect de la vie privée et familiale. Toutefois, la Cour a jugé que les circonstances de la vie personnelle de Mme B... ne justifiaient pas l'annulation de la décision. Elle a noté que "l'engagement d'une procédure de divorce... ne fait obstacle ni à ce que l'appelante puisse assurer la défense de ses intérêts... ni à ce qu'elle puisse solliciter un visa". La Cour a ainsi considéré que ses attaches familiales en France, bien que significatives, ne suffisaient pas à établir une "atteinte disproportionnée" à son droit à la vie privée.
2. Erreur manifeste d'appréciation : Mme B... a également soutenu que le refus de titre de séjour était entaché d'une erreur manifeste d'appréciation. Cependant, la Cour a rejeté ce moyen, observant que "l'insertion de la requérante dans la société française […] n'était pas telle que le refus d'autoriser son séjour porterait à son droit au respect de sa vie privée et familiale une atteinte disproportionnée".
3. Illégalité de l'obligation de quitter le territoire : La Cour a également examiné la légalité de l'obligation de quitter le territoire, soulignant qu’elle ne pouvait être contestée sans l’illégalité avérée du refus de titre de séjour, ce qui n’a pas été établi par Mme B....
Interprétations et citations légales
1. Article 8 de la Convention européenne : La Cour rappelle que ce droit au respect de la vie privée et familiale peut être restreint sous certaines conditions, notamment lorsqu'une ingérence est "prévue par la loi" et constitue une "mesure nécessaire à la sécurité nationale, à la sûreté publique". Elle a conclu que le préfet du Var avait agi dans ce cadre.
2. Code de l'entrée et du séjour des étrangers et du droit d'asile : Les motifs de refus du titre de séjour et d'obligation de quitter le territoire sont fondés sur ce code, qui encadre le séjour des étrangers en France. La nécessité d’un équilibre entre l’intégration d’un étranger et les raisons de sécurité nationale et de l’ordre public est une question centrale dans l’application de ces dispositions.
En résumé, la décision souligne l’importance de l’évaluation des situations individuelles à la lumière d’arguments juridiques solides, tout en respectant les droits privés protégés par la législation européenne et française. La Cour a rendu une décision qui concilie ces droits avec les nécessités de l'ordre public.