Résumé de la décision
M.B..., détenu au centre de détention de Toul, a interjeté appel d'un jugement du tribunal administratif ayant rejeté sa demande de réparation de 100 000 euros pour des préjudices physiques et moraux, à la suite d'un accident du travail survenu le 18 décembre 2012. M. B... soutenait que l'administration pénitentiaire avait commis une faute en ne lui fournissant pas de lunettes de protection durant son activité de ramassage de bandes de plastique, ce qui aurait entraîné l'accident. La cour a rejeté sa requête, considérant qu'il n'y avait pas de faute de l'administration, ni de preuve suffisante quant à la réalité du préjudice allégué.
Arguments pertinents
1. Absence de faute de l'administration pénitentiaire:
La cour a précisé que l'administration avait imposé le port de lunettes de protection pour des travaux dangereux, mais que l'activité de M. B..., qui consistait à manipuler des produits ordinaires, ne justifiait pas un tel équipement. La cour a noté que "l'administration pénitentiaire (…) a commis une faute".
2. Insuffisance de preuves concernant la demande de lunettes:
Bien que M. B... ait affirmé avoir demandé des lunettes de protection pendant trois ans, il n'a apporté aucun commencement de preuve pour étayer cette affirmation, ce qui a affaibli sa position devant le tribunal.
3. Démonstration du préjudice:
La cour a également souligné que M. B... n'a pas prouvé la réalité du préjudice allégué. Le certificat médical du 6 mars 2014 indiquant une vision de 10/10ème dans les deux yeux a contredit sa demande de dommages et intérêts liés à une baisse significative de la vision.
Interprétations et citations légales
1. Responsabilité de l'État:
L'article L. 911-1 du code de justice administrative et l'article L. 781-1 du code du travail, qui régissent la responsabilité de l'administration en matière d'accidents du travail, ont été considérés dans le cadre de la décision. La cour a interprété que pour engager la responsabilité de l'État, il était nécessaire de démontrer une faute caractérisée, ce qui n'a pas été le cas ici.
2. Sur la qualification de l'accident:
L'argument de M. B... reposait sur le fait que son accident devait être considéré sous le prisme du droit du travail. Toutefois, la cour a estimé que l'absence de réglementation, en l'espèce, et le contrôle de l'inspection du travail qui n’a relevé aucune irrégularité montrent que les conditions de sécurité étaient respectées.
3. Démonstration du préjudice:
En matière de réparation, il est généralement exigé que le demandeur prouve la réalité de son préjudice. L'interprétation des preuves médicales fournies a été déterminante, car le certificat médical indiquant une vision normale a conduit la cour à conclure à l’insuffisance de la preuve du préjudice.
Ainsi, la cour conclut que M.B... ne peut prétendre qu'à tort le jugement rendu par le tribunal administratif a rejeté sa demande, et les conclusions au titre de l'article L. 761-1 du code de justice administrative sont écartées.