Résumé de la décision
Le ministre des finances et des comptes publics a formé un recours contre un jugement du tribunal administratif de Strasbourg qui avait accordé à M. A... la décharge des cotisations supplémentaires d'impôt sur le revenu pour les années 2008, 2009 et 2010, au motif que l'activité artistique de son épouse, Mme A..., était professionnelle. L'administration fiscale contestait le caractère professionnel de cette activité et a soutenu qu'elle n'était pas exercée de manière habituelle, constante, ni avec un objectif lucratif. La cour, après évaluation des preuves fournies par M. A... et Mme A..., a rejeté le recours du ministre, confirmant l'appréciation du tribunal administratif.
Arguments pertinents
1. Caractère Professionnel de l'Activité : La cour a statué que Mme A... avait exercé son activité d'artiste-peintre de manière habituelle et constante, malgré les arguments du ministre sur le caractère non professionnel de cette activité. La cour a noté que M. A... a prouvé que Mme A... avait produit de nombreuses œuvres et participé à des expositions, ce qui témoigne d'une volonté d'engendrer des revenus.
2. Prise en Compte des Déficits : La cour a souligné que les déficits associés à des activités non commerciales peuvent être déduits du revenu global uniquement si ces activités entrent dans le cadre d'une profession libérale. Ainsi, le ministre ne peut pas justifier le refus d'imputer les déficits en arguant que l'activité est "non viable économiquement".
Citant des considérations du jugement, la cour déclare : « Mme A... doit être regardée comme ayant cherché à obtenir des revenus dans le cadre de son activité d'artiste-peintre... ».
Interprétations et citations légales
1. Caractère des bénéfices non commerciaux : Selon le Code général des impôts - Article 92, les bénéfices des professions libérales et des activités non commerciales sont déterminés non seulement par leur rendement économique mais aussi par la régularité et le caractère intensif de l'engagement professionnel. La loi définit ces bénéfices comme "toutes occupations, exploitations lucratives et sources de profits ne se rattachant pas à une autre catégorie de bénéfices ou de revenus."
2. Imputation des déficits : L’Article 156 du Code général des impôts stipule que l'impôt sur le revenu est établi après déduction des déficits connus dans une catégorie de revenus, avec une restriction pour les déficits provenant d'activités non commerciales, sauf pour les professions libérales. L'interprétation de cette restriction est cruciale dans la présente affaire, car elle impacte la possibilité de déduire les déficits déclarés.
En somme, cette décision montre que le juge administratif a pris en compte la nature de l'activité artistico-économique sans se limiter à une perspective strictement économique, valant ainsi une reconnaissance des efforts déployés par l'artiste pour professionnaliser son activité.