Résumé de la décision
M. G... E..., né le 10 juillet 1986, et Mme D... F..., née le 20 mars 1989, tous deux de nationalité albanaise, ont saisi la cour pour contester un jugement du tribunal administratif de Strasbourg qui avait rejeté leurs demandes d'annulation des arrêtés du préfet de la Moselle leur faisant obligation de quitter le territoire français. Ces arrêtés, pris le 19 août 2019, refusaient également le renouvellement de leurs demandes d'asile, leur imposant une interdiction de retour sur le territoire français pour une durée d'un an. La cour a rejeté leur requête, considérant que le préfet avait agi conformément à la loi et que les requérants n'avaient pas soutenu des attaches suffisantes en France ou dans leur pays d'origine pour établir une atteinte disproportionnée à leur vie privée et familiale.
Arguments pertinents
1. Droit au respect de la vie privée et familiale : La cour a évoqué l'article 8 de la convention européenne de sauvegarde des droits de l'homme, qui protège le droit au respect de la vie privée et familiale. Selon la cour, la décision du préfet d'expulser les requérants n'a pas porté une atteinte disproportionnée à ce droit, puisqu'ils n'avaient pas d'attaches familiales ou personnelles en France.
> "Dans ces conditions, alors, en outre, qu'ils n'allèguent même pas être dépourvus d'attaches dans leur pays d'origine, ils ne sont pas fondés à soutenir que le préfet a porté à leur droit au respect de leur vie privée et familiale une atteinte disproportionnée."
2. Erreur manifeste d'appréciation : Le jugement a également traité de l'argument selon lequel le préfet aurait commis une erreur manifeste d'appréciation concernant les conséquences de sa décision sur la situation personnelle des requérants. La cour a jugé que cet argument était infondé.
> "Pour les mêmes raisons que celles indiquées... le moyen tiré de ce que le préfet aurait commis une erreur manifeste dans l'appréciation des conséquences de ses décisions sur leur situation personnelle ne peut qu'être écarté."
Interprétations et citations légales
1. Article 8 de la convention européenne de sauvegarde des droits de l'homme : La cour a interprété cet article dans le contexte des décisions administratives relatives à l'immigration. Il précise que l'ingérence d'une autorité publique dans le droit au respect de la vie privée et familiale doit être prévue par la loi et justifiée par des raisons de sécurité, de santé publique, ou autres objectifs légitimes.
> "Il ne peut y avoir ingérence d'une autorité publique dans l'exercice de ce droit que pour autant que cette ingérence est prévue par la loi et qu'elle constitue une mesure qui, dans une société démocratique, est nécessaire à la sécurité nationale…"
2. Code de l'entrée et du séjour des étrangers et du droit d'asile : Bien que le détail des dispositions précises dudit Code ne soit pas présenté dans le jugement, il est évident que la loi encadre les possibilités pour une autorité administrative d'obliger un étranger à quitter le territoire, en tenant compte de la situation personnelle de cet étranger.
Conclusion
La cour a décidé de rejeter la requête de M. E... et Mme F..., concluant que les arrêtés du préfet n'étaient pas contraires à leurs droits en vertu de l'article 8 de la convention européenne, et que les prétentions des requérants liées à une erreur d'appréciation étaient infondées. Cette décision souligne l'importance des attaches personnelles et familiales dans l'examen des demandes d'asile et des expulsions.