Résumé de la décision
Mme C... F..., ressortissante camerounaise, a contesté la décision du ministre de l'intérieur du 16 novembre 2016, qui a ajourné sa demande de naturalisation pour une durée de deux ans en raison d'une dette de 2 389 euros envers le Régime social des indépendants (RSI). Le tribunal administratif de Nantes a rejeté sa demande d'annulation par un jugement du 19 octobre 2018. En appel, la cour a confirmé ce jugement, considérant que le ministre avait légitimement pris en compte la dette dans son appréciation de l'opportunité d'accorder la nationalité française.
Arguments pertinents
1. Appréciation de l'opportunité : Le ministre de l'intérieur a le pouvoir d'évaluer l'opportunité d'accorder la nationalité française, en tenant compte des renseignements défavorables concernant le postulant. La cour a souligné que "dans le cadre de cet examen d'opportunité, il peut légalement prendre en compte les renseignements défavorables recueillis sur le comportement du postulant".
2. Existence de la dette : La cour a noté que, bien que Mme F... ait réglé sa dette après la décision du ministre, celui-ci avait légitimement pris en compte la situation au 15 juin 2016, date à laquelle la dette était encore due. La cour a affirmé que "le remboursement effectué par Mme F... ne révèle pas une volonté d'apurer spontanément la dette pour respecter ses obligations".
3. Absence d'erreur manifeste d'appréciation : La cour a conclu que le ministre n'avait pas commis d'erreur manifeste d'appréciation en ajournant la demande de naturalisation, même si la dette avait été réglée après la décision. La cour a déclaré que "cette circonstance ne faisait pas obstacle à ce que le ministre prenne en compte l'existence de cette dette dans son appréciation de l'opportunité de faire droit à la demande de naturalisation".
Interprétations et citations légales
1. Code civil - Article 21-15 : Cet article stipule que "l'acquisition de la nationalité française par décision de l'autorité publique résulte d'une naturalisation accordée par décret à la demande de l'étranger". Cela établit le cadre légal pour la naturalisation, soulignant que la décision appartient à l'autorité publique.
2. Décret n° 93-1362 - Article 48 : Cet article précise que "si le ministre chargé des naturalisations estime qu'il n'y a pas lieu d'accorder la naturalisation... il prononce le rejet de la demande. Il peut également prononcer l'ajournement en imposant un délai ou des conditions". Cela confère au ministre une large latitude pour évaluer les demandes de naturalisation, y compris la possibilité d'imposer des ajournements.
3. Interprétation des dettes : La cour a interprété que le ministre pouvait considérer les dettes comme un renseignement défavorable, même si le postulant a régularisé sa situation après la décision. Cela souligne l'importance de la situation au moment de la décision et la capacité du ministre à évaluer le comportement du postulant dans le cadre de l'appréciation de l'opportunité.
En conclusion, la décision de la cour d'appel confirme la légitimité de l'appréciation du ministre de l'intérieur concernant la demande de naturalisation de Mme F..., en tenant compte des éléments de sa situation financière au moment de la décision.