Résumé de la décision
La décision concerne la requête de M. B...C... relative à l'annulation d'une décision du ministre de l'intérieur qui a ajourné de deux ans sa demande de naturalisation. M. C... soutenait que cette décision était entachée d'une erreur manifeste d'appréciation, étant donné qu'il avait été soumis à une composition pénale concernant des faits de travail clandestin, et qu'il était profondément intégré dans la société française. Le tribunal administratif de Nantes a rejeté sa demande le 20 juillet 2015. La cour a confirmé cette décision, considérant que le ministre avait agi dans son pouvoir d'appréciation et qu'aucune erreur manifeste n'avait été commise.
Arguments pertinents
1. Pouvoir d'appréciation du ministre : La cour a reconnu que le ministre chargé des naturalisations dispose d’un large pouvoir pour évaluer l'opportunité d'accorder la nationalité française. Elle a précisé que le ministre peut prendre en compte des renseignements défavorables sur le comportement du postulant.
- Citation pertinente : "il appartient au ministre chargé des naturalisations de porter une appréciation sur l'intérêt d'accorder la naturalisation à l'étranger qui la sollicite."
2. Caractère matériel des accusations : Bien que M. C... nie partiellement les faits qui lui sont reprochés, la cour a déclaré que ses dénégations ne suffisent pas à prouver que le ministre se basait sur des renseignements matériellement inexacts. Cela a justifié la décision d’ajournement.
- Citation pertinente : "ses seules dénégations ne sont pas de nature à établir que le ministre se serait fondé sur des renseignements matériellement inexacts."
3. Intégration dans la société française : La cour a également rejeté l'argument selon lequel la longue durée de présence de M. C... en France et son intégration dans la société française justifiaient l'octroi de la nationalité, précisant que ces éléments ne suffisent pas à faire abstraction de la procédure engagée contre lui.
- Citation pertinente : "M. C... ne peut utilement se prévaloir ni de la longue durée de sa présence en France, ni de son intégration dans la société française."
Interprétations et citations légales
1. Article 21-15 du Code civil : Cette disposition stipule que la nationalité française est acquise par naturalisation à la demande d'un étranger, et le ministre peut refuser ou ajourner cette demande en fonction de l'opportunité.
- Citation : "L'acquisition de la nationalité française par décision de l'autorité publique résulte d'une naturalisation accordée par décret à la demande de l'étranger."
2. Article 48 du décret n° 93-1362 du 30 décembre 1993 : Cet article permet au ministre de prononcer un ajournement de la naturalisation en imposant un délai ou des conditions.
- Citation : "Si le ministre chargé des naturalisations estime qu'il n'y a pas lieu d'accorder la naturalisation... il prononce le rejet de la demande. Il peut également prononcer l'ajournement en imposant un délai ou des conditions."
3. Article L. 761-1 du Code de justice administrative : Cet article définit les conditions dans lesquelles l'Etat peut être condamné à payer des frais d'avocat. La cour a refusé la demande de M. C... à ce titre, soulignant que l'Etat n'est pas la partie perdante.
- Citation : "Ces dispositions font obstacle à ce que soit mise à la charge de l'Etat, qui n'est pas la partie perdante dans la présente instance."
Cette décision illustre l’importance de l’appréciation du ministre dans le cadre des demandes de naturalisation et l’impact des comportements des postulants sur ces décisions.