Résumé de la décision
Mme D...B... a demandé à la cour d'annuler une ordonnance du tribunal administratif de Nantes qui rejetait sa demande d'expertise concernant les préjudices subis suite à l'implantation d'une prothèse mammaire de la marque Poly Implant Prothèse (PIP). Elle soutenait que l'Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) avait commis des manquements dans sa mission de surveillance qui auraient engagé la responsabilité de l'État. La cour a jugé que la demande d'expertise n'était pas fondée, en l'absence de preuve suffisante du lien de causalité entre les préjudices de Mme B... et les carences de l'ANSM. Sa requête a donc été rejetée.
Arguments pertinents
Les arguments principaux de la décision incluent :
1. Utilité de l'expertise : La cour a noté que, pour qu'une expertise soit ordonnée, elle doit être utile pour le règlement d'un litige. Selon l'article R. 532-1 du code de justice administrative, "le juge des référés peut, sur simple requête, et même en l'absence de décision administrative préalable, prescrire toute mesure utile d'expertise." Dans ce cas, l'expertise ne pouvait être considérée comme utile, car il n'y avait pas d'éléments suffisants pour établir un lien de causalité entre les préjudices allégués par Mme B... et la carence de l'ANSM.
2. Responsabilité de l'ANSM : La cour a précisé que Mme B... ne prouvait pas suffisamment que la responsabilité de l'État, sur le fondement de l'article L. 5322-2 du code de la santé publique, pouvait être engagée en raison de la carence de l'ANSM. Il a été constaté que les éléments du dossier ne permettaient pas d’établir de manière suffisante le lien entre les troubles de la requérante et les manquements de l'agence.
3. Préjudices reconnus par le tribunal correctionnel : La cour a aussi mentionné qu'une partie des préjudices de Mme B... a déjà été reconnue dans un jugement antérieur où les responsables de la société PIP avaient été condamnés à lui verser une indemnité, ce qui réduit l'intérêt de poursuivre une expertise supplémentaire.
Interprétations et citations légales
1. Obligation de preuve dans le contentieux : La décision insiste sur l’importance de prouver le lien de causalité dans une demande d’expertise. En effet, le juge des référés, selon l'article R. 532-1 du code de justice administrative, doit s’assurer que la mesure sollicitée est pertinente pour la résolution du litige.
2. Responsabilité administrative : La référence à l'article L. 5322-2 du code de la santé publique, qui évoque la responsabilité de l'État en cas de carence dans sa mission de surveillance, est cruciale. La cour souligne que même si des préjudices sont à la charge de l'ANSM, leur évaluation doit être fondée sur des éléments probants établissant le lien direct entre les actions (ou inactions) de l'agence et les blessures ressenties par Mme B...
3. Évaluation du préjudice : En concluant que les éléments fournis ne permettent pas d'établir un lien suffisant, la cour a appliqué un principe fondamental qui exige qu'une demande d'expertise se base sur des faits établis, et non sur des suppositions ou des allégations.
Conclusion
La décision de la cour de rejeter la requête de Mme B... est ancrée dans une analyse rigoureuse des éléments de preuve, des exigences légales relatives à l'utilité des expertises, et une interprétation stricte des responsabilités de l'ANSM vis-à-vis des préjudices allégués. La cour met ainsi en avant la nécessité d'un lien de causalité clair et crédible pour engager la responsabilité de l'État.