Résumé de la décision
Mme A... B..., ressortissante algérienne, a demandé l'acquisition de la nationalité française, mais sa demande a été rejetée par le ministre de l'intérieur par une décision du 1er septembre 2015, suivie d'un rejet implicite en 2016 après recours. Mme B... a contesté cette décision devant le tribunal administratif de Nantes qui a rejeté sa demande par un jugement du 18 décembre 2017. En appel, elle a demandé l'annulation de ce jugement ainsi que celle de la décision ministérielle, en se prévalant de son intégration professionnelle. La cour a confirmé le rejet de sa requête, un constat qui a conduit à la décision d'irrecevabilité de ses conclusions à fin d'injonction sous astreinte et à l'application des dispositions de l'article L. 761-1 du code de justice administrative.
Arguments pertinents
1. Large pouvoir d’appréciation du ministre : La cour a souligné que, en matière de naturalisation, le ministre dispose d'un pouvoir d'appréciation très large. Cela lui permet d'évaluer l’intégration de la personne dans la société française et ses ressources financières.
> "Il appartient au ministre de porter une appréciation sur l'intérêt d'accorder la nationalité française à l'étranger qui la sollicite."
2. Évaluation des ressources financières : La cour a confirmé que bien que la requérante ait vu ses revenus progresser, ceux-ci restaient insuffisants pour subvenir à ses besoins au moment de la décision contestée. D'ailleurs, de nouvelles circonstances postérieures à la décision ne peuvent pas affecter sa légalité.
> "Ces circonstances sont postérieures à la date de la décision contestée et donc sans incidence sur sa légalité."
3. Caractère non réglementaire de la circulaire : La cour a également rejeté les arguments basés sur la circulaire du 16 octobre 2012, affirmant qu'elle ne modifie en rien le pouvoir d’appréciation du ministre.
> "Cette dernière est dépourvue de tout caractère règlementaire et ne saurait, en tout état de cause, remettre en cause le très large pouvoir d'appréciation du ministre en matière de naturalisation."
Interprétations et citations légales
1. Code civil - Article 21-15 : Cet article définit les conditions d'acquisition de la nationalité française par naturalisation. Il insiste sur l’importance de l'appréciation du ministre, soulignant la nature discrétionnaire de la décision.
> "L'acquisition de la nationalité française par décision de l'autorité publique résulte d'une naturalisation accordée par décret à la demande de l'étranger."
2. Décret n° 93-1362 - Article 48 : Cet article décrit le processus par lequel une demande de naturalisation peut être ajournée. Cela précise que le ministre peut imposer un délai ou des conditions, ce qui confirme son rôle décisionnel.
> "Si le ministre chargé des naturalisations estime qu'il n'y a pas lieu d'accorder la naturalisation... Il peut également en prononcer l'ajournement en imposant un délai ou des conditions."
Ces articles illustrent le cadre juridique en matière de naturalisation et la latitude dont dispose le ministre pour déterminer si les conditions d’intégration et de ressources sont satisfaisantes. En somme, la cour a validé l’approche du ministre face aux arguments de Mme B..., confirmant ainsi le jugement initial du tribunal administratif.