Résumé de la décision
Le 6 décembre 2021, le tribunal administratif de Nantes a annulé la décision de refus de visa de long séjour sollicitée pour la jeune C..., adoptée par M. B... A... et Mme E... D..., ressortissants tunisiens. Le ministre de l'Europe et des affaires étrangères a demandé un sursis à exécution de ce jugement, arguant que la décision du tribunal était fondée sur des erreurs d'appréciation des principes de l'adoption internationale. Cependant, le 3 février 2022, la cour a rejeté cette requête, estimant que les moyens présentés par le ministre n'étaient pas de nature à entraîner l'annulation du jugement initial. De plus, la cour a décidé que l'État devait verser 600 euros à Mme A... au titre de l'article L. 761-1 du code de justice administrative.
Arguments pertinents
1. Erreurs d'appréciation identifiées : Le ministre a soutenu que le tribunal avait erronément conclu que les principes essentiels de l'adoption internationale n'avaient pas été violés. La cour a cependant estimé que les motifs invoqués par le ministre ne pouvant justifier la révision du jugement, n'étaient pas fondés. Elle a déclaré : "En l'état de l'instruction aucun des moyens de la présente requête, tels qu'ils sont analysés ci-dessus, n'est susceptible d'entraîner l'annulation de ce jugement."
2. Inadéquation du refus de visa unilatéral : Le tribunal a jugé que le refus de délivrer le visa basé sur d'éventuelles irrégularités dans la procédure tunisienne d'adoption était également entaché d'erreur d'appréciation. Cela indique un respect pour le processus légal d'adoption tel qu'il est reconnu par les normes internationales et nationales.
Interprétations et citations légales
1. Application des articles R. 811-15 et R. 222-25 du code de justice administrative :
- Code de justice administrative - Article R. 811-15 : Ce texte stipule que pour qu'il soit sursis à l'exécution d'un jugement annulant une décision administrative, les moyens de l'appelant doivent être sérieux et susceptibles, en état d'instruction, de justifier le rejet des conclusions de la demande. La cour a appliqué ce critère pour évaluer la légitimité de la demande de sursis.
- Code de justice administrative - Article R. 222-25 : Cette disposition définit les modalités de jugement des affaires, précisant que le président de la cour statuera en audience publique sur les demandes de sursis.
2. Respect des conventions internationales : Les arguments relatifs aux droits de l'enfant et à la famille n'ont pas été retenus par la cour, ce qui sous-entend que le droit interne français et les conventions internationales doivent interagir dans un cadre respectueux des décisions validées par des juridictions étrangères concernant l'adoption.
- Convention internationale relative aux droits de l'enfant - Article 3 : Ce principe est pris en compte dans le cadre des décisions d'adoption mais n'a pas suffi à justifier le refus de visa dans ce cas précis.
Ces éléments montrent que la cour a fait preuve d'une attention particulière à la légalité et aux droits en matière d'adoption internationale, tout en tenant compte des obligations des États signataires des conventions impliquées. Ces décisions renforcent également la protection de l'intérêt supérieur de l'enfant dans les procédures interétatiques.