Résumé de la décision
M. E... D..., représenté par son avocat, a interjeté appel d'un jugement du tribunal administratif de Paris qui a rejeté sa demande de changement de nom, subordonné à une justification d'un intérêt légitime. M. D... souhaitait substituer son nom actuel par celui de son grand-père, "B...", qu'il affirme avoir été contraint d'abandonner en raison de persécutions subies dans l'Empire ottoman. La Cour a décidé de surseoir à statuer et de rouvrir l'instruction en raison de la production de nouveaux documents par M. D..., devant être communiqués à la partie défenderesse. La décision de la Cour reste donc en suspens jusqu'à ce que l'instruction soit complétée.
Arguments pertinents
1. Sur la demande de changement de nom : M. D... soutient qu'il justifie d'un « intérêt légitime » au sens de l'article 61 du code civil, en raison de son lien avéré avec le nom "B..." porté par son grand-père, ce qui est renforcé par un contexte historique de persécutions. La Cour souligne que "des motifs d'ordre affectif peuvent, dans des circonstances exceptionnelles, caractériser l'intérêt légitime requis".
2. Sur l'instruction : Étant donné que M. D... a produit de nouveaux éléments susceptibles d'influencer le cours du litige, la Cour a jugé nécessaire de rouvrir l'instruction et surseoir à statuer. Cela garantit le respect du principe du contradictoire, assurant que toutes les parties aient la possibilité de réagir à ces nouveaux éléments.
Interprétations et citations légales
1. Article pertinent : L'article à la base de la contestation est le Code civil - Article 61, qui stipule : "Toute personne qui justifie d'un intérêt légitime peut demander à changer de nom". Cet article précise également que le changement de nom peut viser à éviter l'extinction d'un nom porté par un ascendant.
2. Intérêt légitime : La notion d'« intérêt légitime » est essentielle dans ce contexte. La Cour fait référence à la possibilité d'une interprétation large de cette notion, en se basant sur les circonstances exceptionnelles qui justifient une dérogation aux principes de fixité du nom. Cela montre un équilibre entre la loi et les spécificités de la situation personnelle du requérant.
3. Principe du contradictoire : La décision de la Cour de rouvrir l’instruction en raison de nouveaux documents à considérer renvoie à un autre principe fondamental du droit administratif, à savoir le respect du contradictoire. Ce principe est implicitement garanti par le Code de justice administrative, favorisant un traitement juste et équitable des affaires.
En somme, cette décision illustre le délicat équilibre entre l'application des règles du changement de nom et la prise en compte des valeurs humaines et affectives qui peuvent justifier une telle demande.