Résumé de la décision
M. C..., ressortissant burkinabé, a demandé l'annulation du jugement du tribunal administratif de Paris qui a rejeté sa demande de renouvellement de son titre de séjour mention "visiteur", refusé par le préfet de police au motif de menace pour l'ordre public. Le Conseil d'État a également confirmé ce refus, en considérant qu'il existait un mandat d'arrêt international à son encontre pour homicide volontaire et d'autres faits graves, ce qui legitime la décision préfectorale. La requête de M. C... a été rejetée.
Arguments pertinents
1. Erreurs d’appréciation : M. C... soutient que l'arrêté préfectoral est entaché d'une erreur d'appréciation et ne constitue pas une menace pour l'ordre public. Il argue également que l'article L. 313-6 du code de l'entrée et du séjour des étrangers et du droit d'asile a été méconnu.
> "La carte de séjour temporaire délivrée à l'étranger qui apporte la preuve qu'il peut vivre de ses seules ressources [...] porte la mention 'visiteur'." (Code de l'entrée et du séjour des étrangers et du droit d'asile - Article L. 313-6)
2. Contexte personnel et présomption d’innocence : M. C... évoque la présomption d’innocence et le caractère ancien des faits qui lui sont reprochés ainsi que l'absence de condamnation pénale en France, ce qui devrait selon lui empêcher un refus de renouvellement de son titre de séjour.
> "La carte de séjour temporaire ou la carte de séjour pluriannuelle peut, par une décision motivée, être refusée ou retirée à tout étranger dont la présence en France constitue une menace pour l'ordre public." (Code de l'entrée et du séjour des étrangers et du droit d'asile - Article L. 313-3)
Interprétations et citations légales
1. Interprétation de la menace pour l'ordre public : Le tribunal a estimé que les accusations graves dont M. C... est l’objet constituent une menace pour l'ordre public, et ce même en l'absence de troubles avérés sur le territoire français. L'évaluation des circonstances liées à la présence de l'individu et à son passé criminel a donc joué un rôle crucial dans la décision.
> "Compte tenu de la gravité de ces accusations et du retentissement susceptible d'être donné, [...] à une décision de régularisation de la situation de M. C... en France, le préfet de police a pu légalement s'opposer à la délivrance du titre de séjour 'visiteur' qu'il sollicitait."
2. Limites de la régularisation face à des charges graves : L’arrêt souligne que même si un étranger remplit les conditions de ressources suffisantes pour obtenir un titre de séjour, la présence de charges criminelles graves, comme un mandat d'arrêt international, justifie le refus. Cela établit un précédent sur la primauté de la sûreté publique.
> "Sa présence constituait une menace pour l'ordre public, et ce alors même que l'intéressé vivait paisiblement avec son épouse et ses enfants en France."
Cette décision illustre ainsi la balance complexe entre les droits individuels des étrangers en situation régulière et la nécessité pour l'État de protéger l'ordre public et la sécurité nationale.