Résumé de la décision
La présente décision concerne la demande d'annulation d'un permis de construire valant autorisation d'exploitation commerciale accordé à la Société immobilière de développement urbain par le maire de Paris. Ce permis était destiné à transformer un local d'artisanat en un supermarché "Inter Express" dans le XIème arrondissement de Paris. Après diverses consultations et un avis favorable de la commission nationale d'aménagement commercial, le permis a été contesté par plusieurs requérants (Mme D... et autres) qui ont soulevé un vice d'incompétence dans sa délivrance. La cour a jugé que le permis de construire n’avait pas été régularisé par un permis modificatif, et a donc annulé l’arrêté en tant qu’autorisation de construire. De plus, elle a condamné la Ville de Paris à verser 2 000 euros aux requérants pour les frais de justice.
Arguments pertinents
1. Incompétence de l'auteur de l'acte : La cour a examiné si l'arrêté de permis de construire avait été signé par une personne compétente. Elle a considéré que la délégation de signature à M. U..., chef du service compétent, était conforme, car la notification de cette délégation au représentant de l'État avait bien eu lieu, l'écartant ainsi comme un élément de nullité.
> « Le moyen tiré de ce que cette délégation ne serait pas devenue exécutoire doit ainsi être écarté. »
2. Régularisation par permis modificatif : Selon l'article L. 600-5-1 du Code de l'urbanisme, la cour a noté que la Société immobilière de développement urbain n'a pas fourni de preuve d'un permis de construire modificatif pour remédier à un vice lié à la servitude P11-7. Ce vice a directement conduit à l'annulation du permis initial.
> « La Société immobilière de développement urbain ne justifiant pas avoir obtenu un permis de construire modificatif...Mme D... et autres sont fondés à demander l'annulation... »
3. Frais de justice : En se fondant sur l'article L. 761-1 du Code de justice administrative, la cour a décidé que la Ville de Paris, en tant que partie responsable de la situation litigieuse, devait indemniser les requérants, qui n'étaient pas considérés comme la partie perdante.
> « Les dispositions de l'article L. 761-1 font obstacle à ce que les requérants...versent à la Société immobilière de développement urbain... »
Interprétations et citations légales
1. Article L. 600-5-1 du Code de l'urbanisme: Cet article permet au juge administratif de surseoir à statuer sur un permis de construire si un vice a été constaté, mais que celui-ci est susceptible d'être régularisé par un permis modificatif. La décision souligne que la régularisation d'un vice est un aspect essentiel qui doit être respecté, et qu'une absence de régularisation peut mener à l'annulation de l'autorisation.
> « Le juge administratif... estime qu'un vice... est susceptible d'être régularisé par un permis modificatif...surseoir à statuer jusqu'à l'expiration du délai qu'il fixe pour cette régularisation. »
2. Article L. 761-1 du Code de justice administrative: Cet article régit la question des frais de justice et stipule que la partie perdante peut être tenue de rembourser les frais exposés par l’autre partie. Dans cette décision, il a été interprété pour protéger les requérants contre les frais qu'ils auraient dû payer à la Société immobilière de développement urbain.
> « Dans toutes les instances, le juge condamne la partie tenue aux dépens ou, à défaut, la partie perdante, à payer à l'autre partie la somme qu'il détermine... »
Ces interprétations et applications des articles de loi mettent en lumière l'importance de la régularisation et de la compétence administrative dans les procédures d'urbanisme, ainsi que la protection des intérêts des requérants dans les litiges liés aux permis de construire.