Résumé de la décision
Mme E... F... a contesté devant la Cour administrative d'appel de Paris la décision de la commission départementale d'aide sociale du Nord qui lui demandait de rembourser une somme de 293,10 euros suite à un trop-perçu d'allocation personnalisée d'autonomie versée à sa mère décédée. La Cour a annulé cette décision, concluant que la commission n'avait pas examiné sa situation individuelle et a accordé à Mme F... une remise totale de la somme due, en prenant en compte sa précarité et ses faibles ressources financières.
Arguments pertinents
1. Non-examen de la situation individuelle : La commission départementale d'aide sociale a systématiquement rejeté la demande de remise gracieuse de Mme F... sans examiner sa situation personnelle. La décision de la commission a été considérée comme illégale : « En s'abstenant d'examiner la situation individuelle de Mme F..., la commission départementale a méconnu sa compétence. »
2. Preuve de précarité : Le jugement a pris en compte que Mme F... est veuve, malade, âgée de 80 ans et vit avec de très faibles revenus. La cour a jugé nécessaire d'accorder la remise totale de la somme en raison des « graves menaces de déséquilibre sur son budget » résultant du remboursement.
Interprétations et citations légales
1. Pouvoir discrétionnaire des autorités : Le président du conseil départemental a fait valoir qu'il avait un pouvoir discrétionnaire en matière de remises gracieuses. Toutefois, selon le jugement, cela ne dispense pas d'examiner chaque cas individuel.
2. Lien entre le trop-perçu et la succession : La difficulté dans ce genre de cas réside dans la définition du lien entre le trop-perçu d'allocation et la succession du défunt. La décision rappelle que « l'allocation personnalisée d'autonomie après le décès de la bénéficiaire fait partie de la succession », citant ainsi le Code de l'action sociale et des familles.
3. Inapplicabilité d’une règle générale : La commission a appliqué une règle générale concernant le montant des trop-perçus sans tenir compte de la situation spécifique de l'individu concerné, une approche qui va à l'encontre des principes d'équité prévues par la loi. En ce sens, la décision de la Cour met en lumière une contradiction avec le décret n° 2018-928 que l'autorité administrative aurait dû prendre en compte.
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Articles de loi pertinents
- Code de l'action sociale et des familles - Article 12 (concernant les conditions d’attribution et de récupération de l’allocation personnalisée d’autonomie)- Code de justice administrative - Article 1 (sur le principe de l’égalité dans le traitement des affaires)
Ce jugement souligne l’importance de l’examen individuel des demandes de remise gracieuse, en tenant compte des circonstances personnelles des requérants.