Résumé de la décision :
M. A..., un ressortissant égyptien, a contesté le rejet de sa demande de titre de séjour par le préfet de la Seine-Saint-Denis, sur la base d'une irrégularité dans la procédure qui aurait dû inclure la saisine de la commission du titre de séjour. Le tribunal administratif de Montreuil avait annulé la décision du préfet concernant l'interdiction de retour sur le territoire français pour deux ans, mais avait rejeté le reste de la requête. En appel, la Cour administrative d'appel de Paris a annulé le jugement du tribunal administratif en tant qu'il rejetait les conclusions de M. A... relatives à la demande de titre de séjour et a enjoint au préfet de réexaminer la demande, tout en lui octroyant une autorisation provisoire de séjour.
---
Arguments pertinents :
1. Droit d’admission exceptionnelle au séjour : La Cour a souligné que, selon l'article L. 313-14 du Code de l'entrée et du séjour des étrangers et du droit d'asile, si l'étranger justifie d'une présence habituelle en France depuis plus de dix ans, la demande de titre de séjour doit être soumise à la commission compétente. La Cour a constaté que M. A... avait réussi à établir sa présence habituelle et continue en France de décembre 2009 à 2020, ce qui aurait dû conduire à la saisine obligatoire de cette commission.
> "La carte de séjour temporaire... peut être délivrée, sauf si sa présence constitue une menace pour l'ordre public... L'autorité administrative est tenue de soumettre pour avis à la commission... la demande d'admission exceptionnelle au séjour formée par l'étranger qui justifie... résider en France habituellement depuis plus de dix ans."
2. Irrégularité de la procédure : La Cour a jugé que l’absence de saisie de la commission a entraîné une procédure irrégulière et a ainsi ouvert la voie à l'annulation des décisions du préfet.
> "Dès lors, le requérant est fondé à soutenir qu'en l'absence de saisine de cette commission, le rejet de sa demande d'admission exceptionnelle au séjour... a été prise à l'issue d'une procédure irrégulière."
3. Injonction au préfet : La Cour a décidé d'enjoindre le préfet de soumettre à la commission la demande de M. A... dans un délai de deux mois et de délivrer une autorisation provisoire de séjour en attendant le réexamen de sa situation.
---
Interprétations et citations légales :
1. Interprétation de l'article L. 313-14 : Cet article précise qu'un étranger peut obtenir un titre de séjour s'il répond à des considérations humanitaires, à condition que sa présence en France soit régulière. La difficulté réside dans l’interprétation de ce qui constitue une "présence habituelle". Dans ce cas, la collection de documents présentés par M. A... a été essentielle pour établir sa continuité de séjour.
> Code de l'entrée et du séjour des étrangers et du droit d'asile - Article L. 313-14 : "La carte de séjour temporaire... peut être délivrée... à l'étranger ne vivant pas en état de polygamie dont l'admission au séjour répond à des considérations humanitaires..."
2. Obligation de la préfecture : La décision impose clairement une contrainte légale au préfet de soumettre la demande à la commission, soulignant le caractère obligatoire de cette diligente procédure dans les cas où l'étranger a à prouver une présence longue et stable.
> "Il y a lieu, dans les circonstances de l'espèce, d'enjoindre au préfet de soumettre la demande... à la commission du titre de séjour, dans un délai de deux mois..."
3. Conséquences financières : La décision relative aux frais de justice indique que le principe de la charge des frais est également une protection pour les requérants dans des cas où ils ont agi avec diligence et fondement.
> "Il y a lieu... de mettre à la charge de l'État une somme de 1 000 euros à verser à M. A..., en application de l'article L. 761-1 du code de justice administrative."
Ces éléments montrent un engagement de la Cour à garantir un traitement équitable et légal des demandes de séjour, renforçant ainsi les garanties offertes par la législation en matière d’immigration.