Résumé de la décision
L'association France Audace, représentée par Me D..., a introduit une requête devant le Tribunal administratif de Paris, le 9 septembre 2019, visant à annuler un jugement du 9 juillet 2019 qui avait rejeté sa demande d'abrogation des décisions fondant l'utilisation de supports d'éducation sexuelle dans les écoles, jugés contraires à la loi par l'association. La requête a été reconnue comme relevant de la compétence du Conseil d'Etat, ce qui a conduit à l'annulation du jugement du tribunal et au transfert du dossier au Conseil d'Etat.
Arguments pertinents
1. Recevabilité de la demande : L'association France Audace a soutenu qu'elle justifiait d'un intérêt à agir et que le silence gardé par le ministre sur sa demande d'abrogation avait créé une décision implicite de rejet.
2. Compétence du Conseil d'Etat : La décision a été fondée sur l'article R. 311-1 du code de justice administrative, qui stipule que le Conseil d'Etat est compétent pour connaître des recours dirigés contre les actes réglementaires des ministres. En l'occurrence, le recours visait une décision implicite du ministre relative à des supports d'éducation, qualifiée d'actes réglementaires.
3. Inconformité des supports : L'association a avancé que les supports en question entraient en conflit avec les dispositions pénales relatives à la protection des mineurs et contrevenaient au droit à l'éducation des enfants par leurs parents, invoquant des articles de la Déclaration universelle des droits de l'homme et d'autres instruments internationaux.
Interprétations et citations légales
1. Compétence juridictionnelle :
- Code de justice administrative - Article R. 311-1 : Cet article précise que « le Conseil d'Etat est compétent pour connaître en premier et dernier ressort des recours dirigés contre les actes réglementaires des ministres... ». Il établit donc clairement la compétence du Conseil d'Etat à traiter ce type de demande, en l'occurrence celle de l'association France Audace.
2. Droit à l'éducation et protection des mineurs :
- En invoquant des articles de divers traités internationaux, comme l’Article 26 de la Déclaration universelle des droits de l’homme, qui stipule que « toute personne a le droit à l'éducation », l'association France Audace joue sur des principes fondamentaux qui encadrent le droit à l’éducation tout en se positionnant contre des contenus perçus comme nuisibles.
3. Importance de l’intérêt à agir :
- La recevabilité de la requête repose sur la possibilité d'un acteur associatif d'agir pour défendre des intérêts qui lui sont chers, ici la protection des enfants et la dignité humaine, suggérant que l'intérêt de l'association à agir a été reconnu à cette occasion.
Cette décision souligne le rôle du Conseil d'Etat dans le contrôle de la légalité des actes administratifs et met en lumière des enjeux fondamentaux relatifs à l'éducation et à la protection des droits des enfants.