Résumé de la décision
Dans cette affaire, Mme A..., gérante de la société B2M Conseils, conteste l'ordonnance du 11 mars 2020 du tribunal administratif de Versailles, qui a donné acte de son désistement concernant une demande de décharge d'impôts sur le revenu et de prélèvements sociaux pour les années 2013 et 2014. Mme A... affirme que le tribunal a agi de manière prématurée, étant donné qu'elle avait jusqu'au 11 mars 2020 pour confirmer le maintien de sa demande. La cour a annulé l'ordonnance du tribunal et a renvoyé l'affaire devant celui-ci pour qu'il statue à nouveau sur la demande de Mme A..., tout en rejetant sa demande de mise à la charge de l'État des frais exposés.
Arguments pertinents
1. Délai franc : Mme A... soutient que le délai d'un mois mentionné dans l'article R. 612-5-1 du code de justice administrative est un délai franc, ce qui lui accorde l'entière période pour répondre à la demande de confirmation. La cour a reconnu ce point, affirmant que le tribunal a entaché son ordonnance d'irrégularité en se prononçant avant l'expiration du délai, ce qui est confirmé par la citation suivante : "le délai ainsi prévu est un délai franc".
2. Réponse de Mme A... : La cour a constaté que Mme A... avait effectivement envoyé un courrier le 11 mars 2020 à 17 heures 42, confirmant qu'elle maintenait ses conclusions. Cela renforce son argument selon lequel elle n'avait pas désisté, ce qui est corroboré par le fait que le tribunal a statué avant la fin du délai imparti.
3. Non-lieu à la charge de l'État : La cour a estimé, selon les circonstances de l'espèce, qu'il n'y avait pas lieu de mettre à la charge de l'État la somme demandée par Mme A... au titre des frais exposés, en application de l'article L. 761-1 du code de justice administrative.
Interprétations et citations légales
Article R. 612-5-1 du code de justice administrative : Cette disposition stipule que lorsque l'état du dossier permet de s'interroger sur l'intérêt que conserve la requête pour le requérant, celui-ci doit être invité à confirmer le maintien de ses conclusions. Le non-respect du délai imparti pour répondre entraîne une présomption de désistement. La cour a clairement interprété que cela implique la nécessité d'un délai franc : "il ne peut être donné acte d'un désistement [...] que si le requérant a reçu la demande de confirmation et s'est abstenu de répondre en temps utile".
Article L. 761-1 du code de justice administrative : Cet article précise que le juge peut condamner la partie perdante à payer à l'autre partie une somme déterminée pour les frais exposés. La cour a appliqué cet article en considérant l'équité et la situation économique de la partie concernée, indiquant qu'il n'était pas approprié de condamner l'État à payer des frais dans ce cas particulier.
En somme, la décision de la cour repose sur une interprétation rigoureuse des délais de procédure et sur l'application équilibrée des principes de justice administrative.