Résumé de la décision
M. C..., un ressortissant bangladais, a sollicité l'asile en France après être arrivé le 10 février 2018. À la suite de l'identification de ses empreintes digitales en Autriche, le préfet du Val-d'Oise a pris un arrêté le 24 septembre 2018 pour transférer M. C... aux autorités autrichiennes et l'assigner à résidence pour 45 jours. Après un recours, le tribunal administratif a annulé ces arrêtés, mais cet arrêt a été récusé par la cour administrative d'appel. M. C... a formé un pourvoi auprès du Conseil d'État qui, le 27 novembre 2020, a annulé l'arrêt de la cour d'appel concernant l'assignation à résidence et a renvoyé l'affaire devant la cour administrative. La cour a ensuite statué que le préfet n'avait pas contesté efficacement l'annulation de l'arrêté d'assignation à résidence, et a rejeté la demande du préfet.
Arguments pertinents
1. Sur la légalité de l'arrêté d'assignation à résidence :
Le préfet du Val-d'Oise a principalement développé des arguments relatifs à la légalité de la décision de transfert, sans contester de manière substantielle l'illégitimité de l'arrêté d'assignation à résidence. La cour a noté que « le préfet n'assortit ses conclusions d'appel d'aucun moyen propre à critiquer » cet arrêté, ce qui entraîne le rejet de ses conclusions.
2. Sur le principe de responsabilité des États membres :
La cour a également mis en avant le règlement (UE) n° 604/2013 relatif à la détermination de l'État responsable de l'examen de la demande d'asile, soulignant que la France avait transformé sa responsabilité en la matière.
Interprétations et citations légales
1. Règlement (UE) n° 604/2013 :
L'article 18 du règlement établit une procédure pour déterminer quel État membre est responsable de l'examen d'une demande de protection internationale. En ce qui concerne la responsabilité de la France pour la demande d'asile de M. C..., il a été démontré que « les autorités françaises ont adressé aux autorités autrichiennes une demande de reprise en charge qui a été acceptée ».
2. Code de la justice administrative - Article R. 811-10 :
Ce code stipule les procédures d'appel et les conditions de leur recevabilité. Ici, le préfet a manqué à établir des arguments en faveur de l'annulation de l'assignation à résidence, conduisant la cour à conclure que « ces conclusions ne peuvent qu'être rejetées ».
3. Impact de la décision du Conseil d'État :
Le Conseil d'État a précisé qu'il annulait l'arrêt de la cour administrative d'appel en tant qu'il concernait l'assignation à résidence de M. C..., ce qui a conduit la cour à appeler le préfet à activer des moyens substantiels pour soutenir son appel, ce qui n'a pas été fait dans ce cas.
Ces éléments théoriques renforcent l’interprétation selon laquelle les procédures doivent non seulement suivre les textes, mais aussi être étayées par des arguments pertinents. Dans ce cas précis, le préfet du Val-d'Oise a échoué dans sa démarche en ne répondant pas aux exigences juridiques appropriées.