Résumé de la décision
Dans un arrêt du 22 mars 2018, la Cour administrative d'appel de Versailles a déchargé la SA BNP Paribas des cotisations supplémentaires d'impôt sur les sociétés pour les exercices 2006 à 2010, au montant total de 75 860 242 euros. Par la suite, le MINISTRE DE L'ACTION ET DES COMPTES PUBLICS a introduit un recours pour rectifier ce montant, arguant qu'il s'agissait d'une erreur matérielle, la SA BNP Paribas ayant admis dans un mémoire antérieur que le montant s'élevait à 75 695 242 euros. La Cour a rejeté ce recours, considérant que sa décision était fondée sur une appréciation des faits et non sur une simple constatation d'erreur matérielle.
Arguments pertinents
1. Sur la nature de l'erreur : La Cour a souligné que le recours du ministre visait à corriger une erreur matérielle, mais a précisé que "l'interprétation ainsi réalisée par la Cour des pièces du dossier [...] n'étant pas susceptible de révéler une erreur matérielle". Cela signifie qu'il ne s'agissait pas d'une simple inexactitude, mais d'une interprétation des éléments de preuve présentés par BNP Paribas.
2. Sur la portée du litige : La Cour a mentionné que le litige avait été contesté entre les parties et qu'elle avait pris une décision éclairée sur la base des éléments de dossier : "la Cour ne s'est pas bornée à constater un fait, mais a porté une appréciation sur l'ensemble des pièces du dossier". Cela souligne le rôle actif du juge dans l'évaluation des faits, et rappelle que la décision rendue était le résultat d'une analyse judiciaire complète.
Interprétations et citations légales
1. Erreur matérielle : La référence à l'article R. 833-1 du Code de justice administrative est cruciale. Cet article stipule que "lorsqu'une décision... est entachée d'une erreur matérielle susceptible d'avoir exercé une influence sur le jugement de l'affaire, la partie intéressée peut introduire... un recours en rectification". La Cour a affirmé que l'erreur alléguée ne remplissait pas les conditions posées par cet article, car il ne s'agissait pas d'une simple erreur de calcul ou d'inattention, mais d'une question d'interprétation.
2. Appréciation de la preuve : La décision insiste sur le fait que la Cour a une appréciation souveraine des faits présentés par les parties. À cet égard, la jurisprudence administrative est claire : "l'interprétation des éléments du dossier ne saurait constituer une erreur matérielle". Cela renforce l'autorité du juge administratif à évaluer le contenu des revendications et à se prononcer sur les preuves fournies.
3. Conclusion sur les frais : La décision de ne pas mettre à la charge de l'État les frais exposés par la SA BNP Paribas est également significative. Cela découle du principe général qui veut que les frais non compris dans les dépens ne soient pas remboursés sauf cas particulier. La Cour a exprimé ce principe à travers son article 2 : "Les conclusions présentées par la SA BNP Paribas au titre de l'article L. 761-1 du code de justice administrative sont rejetées".
Cette analyse met en avant non seulement le cadre juridique de la décision, mais aussi la rigueur avec laquelle la Cour a examiné la demande de rectification, mettant en lumière le rôle essentiel de l'interprétation judiciaire dans les affaires administratives.