Résumé de la décision
Dans le cadre d'une requête introduite par Mgr B... et d'autres, le juge des référés du Conseil d'État a constaté que les restrictions imposées aux rassemblements dans les lieux de culte étaient discriminatoires et potentiellement non proportionnées. Cependant, postérieurement à l'introduction de la requête, le Conseil d'État a ordonné au Premier ministre de modifier les dispositions discriminatoires relatives à la limitation du nombre de participants dans les établissements de culte. En conséquence, les demandes de suspension et d'injonction présentées par Mgr B... et autres sont devenues sans objet, et le tribunal a rejeté leurs demandes de frais.
Arguments pertinents
1. Discrimination et non-proportionnalité : Les requérants soutiennent que les mesures en vigueur sont discriminatoires, en ce sens qu'aucun autre type de lieu clos n'est soumis à une telle limitation de participants. De plus, il est avancé que les restrictions ne sont pas proportionnées aux objectifs de santé publique qu'elles sont censées servir.
Citation : "Elles sont discriminatoires dès lors qu'aucun autre lieu clos n'est limité à trente personnes ; elles ne sont pas proportionnées."
2. Intervention du juge des référés : Le juge des référés a agi en vertu de son pouvoir d'injonction pour garantir la protection de la liberté de culte, en enjoignant au Premier ministre de réviser les dispositions litigieuses.
Citation : "En l'absence d'alternative pour sauvegarder la liberté de culte, enjoint au Premier ministre de modifier [...] les dispositions du I de l'article 47 du décret..."
Interprétations et citations légales
1. Liberté de culte et droit à un traitement égal : La décision souligne l'importance de la liberté de culte, telle qu'assurée par la Constitution et les conventions européennes. Par ailleurs, des restrictions qui diffèrent selon les types de lieux peuvent violer le principe d'égalité devant la loi.
Constitution - Préambule : Le Préambule de la Constitution proclame la liberté de conscience et le droit d’exercer un culte. Cela implique que les restrictions aux rassemblements à des fins religieuses doivent être d'une grande rigueur et proportionnées.
2. Code de la santé publique et décision juridique : L'article L. 3131-15 du code de la santé publique confère au Premier ministre des pouvoirs pour prendre des mesures sanitaires. Le refus d'une telle régulation non proportionnée constitue une violation de ce cadre législatif.
Code de la santé publique - Article L. 3131-15 : Cet article stipule que le Premier ministre peut réglementer les rassemblements en période de crise sanitaire, mais que ces mesures doivent être justifiées et proportionnées aux risques encourus.
3. Conséquences de la décision : Le conseil a constaté que, étant donné que le Premier ministre s'est conformé à la décision du juge des référés, les demandes de Mgr B... et autres sont automatiquement devenues sans objet. En cela, le tribunal ne voit pas la nécessité d'accorder des frais en raison de la situation conforme à la décision prise.
Code de justice administrative - Article L. 761-1 : Cet article stipule que les frais engagés par une partie dans une procédure peuvent être remboursés dans certains cas, mais la décision conclut qu'il n'y a pas lieu d'en faire application ici.
La décision du Conseil d'État met en exergue l'équilibre délicat entre la protection de la santé publique et la préservation des droits fondamentaux, en rappelant que des mesures restrictives doivent toujours être proportionnées et justifiées.