Résumé de la décision
Les requérants, constitués en tant que congrégations religieuses, ont contesté certaines dispositions du décret n° 2020-1310 du 29 octobre 2020, arguant d’une atteinte à la liberté de culte ainsi qu'à l'égalité des citoyens. Ils ont également affirmé que la condition d'urgence était remplie. Cependant, suite à une ordonnance du juge des référés du Conseil d'Etat, il a été décidé de modifier les dispositions contestées en ordonnant au Premier ministre de prendre des mesures proportionnées encadrant les rassemblements dans les lieux de culte. En raison de cette ordonnance, les conclusions des requérants sont devenues sans objet, et leur demande de condamnation de l'État au titre des frais de justice a été rejetée.
Arguments pertinents
1. Qualité des requérants : Les requérants, en tant que congrégations religieuses et ministres du culte, justifient d'un intérêt à agir.
2. Urgence : Ils soutiennent que la condition d'urgence est satisfaite, car les dispositions contestées portent atteinte à une liberté fondamentale dès leur mise en œuvre.
3. Atteinte à la liberté de culte : Les requérants affirment qu'il y a une atteinte grave et manifestement illégale à la liberté de culte.
4. Discrimination : Ils mettent en avant une atteinte au principe d'égalité, particulièrement envers les fidèles catholiques et orthodoxes.
5. Erreurs d'appréciation : Les requérants estiment que les dispositions sont entachées d'erreur manifeste, étant donné qu’il n'est pas prouvé que les lieux de culte soient des foyers de contamination.
6. Proportionnalité : Enfin, ils font valoir que les mesures ne sont pas proportionnées, car elles ne tiennent pas compte de la superficie des lieux de culte.
Interprétations et citations légales
Dans cette décision, plusieurs textes de loi ont été appliqués :
1. Code de la santé publique - Article L. 3131-15 : Cet article permet au Premier ministre d’édicter des mesures de police pour des raisons de santé publique. Le juge des référés a invoqué cet article pour ordonner la modification des dispositions en considérant qu'il n'existait pas d'autres alternatives permettant de sauvegarder la liberté de culte.
2. Constitution : Le Préambule de la Constitution, qui garantit la liberté de culte, a été mentionné pour illustrer les fondements juridiques de la contestation.
3. Loi du 9 décembre 1905 : Cette loi, relative à la séparation des Églises et de l'État, a également été mise en avant pour souligner la nécessité de respecter les libertés religieuses dans le cadre des mesures de sécurité.
La décision stipule que, compte tenu de l'ordonnance prise antérieurement, "les conclusions aux fins de suspension présentées par M. F... et autres sont devenues sans objet", ce qui implique que les requérants ne pouvaient plus obtenir de réparation par cette voie.
En somme, la décision illustre le délicat équilibre entre la protection de la santé publique et le respect des libertés fondamentales, notamment la liberté de culte, tout en tenant compte des principes d'égalité et de non-discrimination.