Résumé de la décision
La décision concerne l'appel de M. A... B..., un ressortissant comorien, contre une ordonnance du juge des référés du tribunal administratif de Mayotte qui avait rejeté sa demande de suspension d'un arrêté préfectoral lui imposant une obligation de quitter le territoire français et une interdiction de retour pendant un an. M. B... soutenait que l'ordonnance était irrégulière et insuffisamment motivée, et qu'elle portait atteinte à ses droits au respect de sa vie privée et familiale ainsi qu'à l'intérêt supérieur de ses enfants. Le Conseil d'État a confirmé l'ordonnance du tribunal administratif, rejetant l'appel de M. B... pour des raisons de fond et de procédure.
Arguments pertinents
1. Régularité de l'ordonnance : Le Conseil d'État a constaté que l'ordonnance attaquée mentionnait le mémoire de M. B... et que le juge des référés avait pris en compte les éléments fournis. Il a également jugé que le préfet pouvait soumettre une note en délibéré après la clôture de l'instruction, sans que cela constitue une irrégularité.
> "Il ressort des mentions mêmes de l'ordonnance attaquée que, contrairement à ce que soutient M. B..., elle vise le mémoire qu'il a présenté avant l'audience."
2. Motivation de l'ordonnance : Le juge des référés a suffisamment motivé sa décision en écartant les arguments de M. B... concernant la méconnaissance des droits fondamentaux, en se basant sur l'absence de preuve d'une présence stable et continue à Mayotte.
> "L'ordonnance attaquée [...] vise le moyen par lequel M. B... soutenait que l'arrêté litigieux méconnaissait le 4° de l'article L. 511-4 du code de l'entrée et du séjour des étrangers et du droit d'asile et écarte l'atteinte grave et manifestement illégale aux deux libertés fondamentales qui étaient invoquées par le requérant."
3. Contrôle de proportionnalité : Le juge a examiné si l'arrêté portait une atteinte grave et manifestement illégale aux droits de M. B..., concluant que ce n'était pas le cas, car il n'avait pas démontré une présence stable à Mayotte ni sa contribution à l'éducation de ses enfants.
> "Le juge des référés [...] n'a pas méconnu son office."
Interprétations et citations légales
1. Article L. 521-2 du code de justice administrative : Cet article permet au juge des référés d'ordonner des mesures nécessaires à la sauvegarde d'une liberté fondamentale en cas d'atteinte grave et manifestement illégale. Le Conseil d'État a appliqué cet article pour évaluer la légalité de l'arrêté préfectoral.
> "Saisi d'une demande en ce sens justifiée par l'urgence, le juge des référés peut ordonner toutes mesures nécessaires à la sauvegarde d'une liberté fondamentale [...]"
2. Article L. 522-3 du code de justice administrative : Cet article permet au juge des référés de rejeter une requête sans instruction ni audience si elle est manifestement irrecevable ou mal fondée. Le Conseil d'État a utilisé cet article pour justifier le rejet de la requête de M. B...
> "Le juge des référés peut, par une ordonnance motivée, rejeter une requête sans instruction ni audience lorsque la condition d'urgence n'est pas remplie [...]"
3. Article 8 de la Convention européenne des droits de l'homme : Ce texte garantit le droit au respect de la vie privée et familiale. Le Conseil d'État a examiné si l'arrêté préfectoral portait atteinte à ce droit, concluant que M. B... n'avait pas établi une atteinte grave et manifestement illégale.
> "L'arrêté du préfet de Mayotte [...] ne portait pas une atteinte grave et manifestement illégale au droit de l'intéressé au respect de sa vie privée et familiale."
En conclusion, le Conseil d'État a rejeté l'appel de M. B..., confirmant que l'ordonnance du tribunal administratif était régulière et suffisamment motivée, et que l'arrêté préfectoral ne portait pas atteinte de manière illégale à ses droits fondamentaux.