Résumé de la décision
La décision concerne une demande de M. A... visant à suspendre l'exécution d'un décret interdisant les déplacements en raison de la situation sanitaire liée à la Covid-19. M. A... soutenait que cette mesure portait atteinte à sa liberté de circulation et engendrait des effets psychologiques négatifs. Toutefois, le juge des référés du Conseil d'État a rejeté sa requête, considérant que la condition d'urgence requise pour intervenir n'était pas remplie, en raison de la gravité de la situation sanitaire et de l'intérêt public associé à l'exécution du décret.
Arguments pertinents
Le juge a fondé sa décision sur plusieurs points clés :
1. Caractère de l'urgence : M. A... n'a pas été en mesure de démontrer que l'interdiction de déplacement représentait une urgence au sens de l'article L. 521-2 du code de justice administrative. Il a évoqué seulement des effets psychologiques sans établir une urgence suffisante.
2. Gravité de la situation sanitaire : Le juge rappelle la déclaration de l'état d'urgence sanitaire par le Président de la République en raison de la gravité de l'épidémie de Covid-19, ce qui justifie la nécessité des mesures prises par le gouvernement.
3. Intérêt public : L'intérêt public et la préservation de la santé publique l'emportent sur les effets individuels négatifs de la mesure. Le juge souligne que les restrictions sont nécessaires dans un contexte de tension des structures hospitalières.
Interprétations et citations légales
La décision s'appuie sur les dispositions du code de justice administrative :
- Code de justice administrative - Article L. 521-2 : Cet article stipule que le juge des référés peut ordonner des mesures nécessaires à la sauvegarde d'une liberté fondamentale lorsqu’une atteinte grave et manifestement illégale a été constatée. Toutefois, il revient au juge de déterminer si l'urgence est également avérée dans chaque cas.
- Code de justice administrative - Article L. 522-3 : Cet article permet au juge des référés de rejeter une demande sans instruction ni audience lorsque l'urgence n'est pas établie ou lorsque la requête est manifestement mal fondée.
Dans sa décision, le juge souligne que "la circonstance qu'une atteinte à une liberté fondamentale, portée par une mesure administrative, serait avérée n'est pas de nature à caractériser l'existence d'une situation d'urgence". Cela montre que le simple constat d'une atteinte à une liberté ne suffit pas à établir une situation justifiant l'intervention urgente du juge.
La décision met donc en lumière l'importance de l'équilibre entre les libertés individuelles et l'intérêt public dans la gestion des crises sanitaires, tout en rappelant la rigueur avec laquelle les conditions d'urgence doivent être appréciées par le juge administratif.