Résumé de la décision
L'affaire concerne l'association SADIR, qui a été assujettie à l'impôt sur les sociétés pour les exercices 2008 à 2010, notamment concernant des crédits d'impôt recherche. Après avoir contesté les rappels d’impôt et les remboursements dus, le juge a finalement statué en faveur de l'association. Néanmoins, le ministre de l'action et des comptes publics a formé un pourvoi en cassation. La décision de la cour administrative d'appel de Bordeaux, annulant les rappels d’imposition et accordant des restitutions de crédits d'impôt, a été cassée pour erreur de droit, le tribunal n'ayant pas correctement évalué l'éligibilité de l'association au crédit d'impôt recherche et la déduction des charges. L'affaire a été renvoyée à la cour administrative d'appel de Bordeaux pour réexamen.
Arguments pertinents
1. Éligibilité au crédit d'impôt recherche : La cour a commis une erreur de droit lorsqu'elle a jugé que l'association SADIR, en raison de ses relations avec une société commerciale, devait être considérée comme exerçant une activité lucrative justifiant l'octroi du crédit d'impôt recherche, sans analyser spécifiquement si l’association exerçait effectivement une activité industrielle, commerciale ou agricole.
- Citation pertinente : "En jugeant que l'association SADIR devait être regardée comme exerçant une activité lucrative… elle devait également être regardée comme exerçant une activité la rendant éligible au crédit d'impôt recherche, sans rechercher si elle exerçait elle-même une activité de nature industrielle et commerciale ou agricole, la cour a commis une erreur de droit."
2. Déduction des charges de personnel de recherche : La cour a aussi méconnu l'exigence de recherche de l'intérêt propre de l'association pour les dépenses engagées. Cela a conduit à une appréciation erronée quant à la déductibilité des charges.
- Citation pertinente : "Il ne peut être déduit du bénéfice net passible de l'impôt sur les sociétés les charges qui sont étrangères à une gestion commerciale normale."
Interprétations et citations légales
- Code général des impôts - Article 206 : Ce texte stipule que les associations régies par la loi du 1er juillet 1901 ne sont pas passibles de l'impôt sur les sociétés si elles exercent une activité non lucrative significativement prépondérante. Il souligne également que le chiffre d'affaires des activités lucratives ne doit pas excéder un certain montant. Cette disposition est cruciale pour déterminer l’assujettissement d’une association aux impôts commerciaux et aux crédits d’impôt.
- Code général des impôts - Article 244 quater B : Cet article déclare que les entreprises, y compris les associations assujetties à l'impôt sur les sociétés, peuvent bénéficier d'un crédit d'impôt au titre des dépenses de recherche. Cela suppose que l’associatif exerce une activité qui entre dans le cadre des catégories d'activités éligibles pour les crédits d'impôt.
- Code général des impôts - Articles 38 et 39 : Ces articles précisent que seule la déduction des charges correspondant à l'intérêt de l’entreprise est admissible. L'interprétation de ces dispositions est essentielle dans le cadre des vérifications fiscales, où la notion d'intérêt propre sera au centre de l'appréciation.
La décision met ainsi en exergue des erreurs d’analyse juridique tant sur l'éligibilité au crédit d'impôt recherche que sur la disqualification des charges, soulignant l’importance d’un examen minutieux des activités réelles exercées par les associations dans le cadre fiscal applicable.