Résumé de la décision
La décision rendue se concentre sur la question prioritaire de constitutionnalité (QPC) concernant l'article 34 de la loi du 24 novembre 2009, qui encadre le rapprochement familial des personnes détenues en prévention dont l'instruction est achevée. La Section française de l'observatoire international des prisons a contesté cet article en arguant qu'il empêche un recours effectif contre un refus de rapprochement familial, viole le droit à une vie familiale normale et méconnaît les droits garantis par la Constitution. En raison de la question soulevée, il a été décidé de renvoyer cette question au Conseil constitutionnel et de surseoir à statuer sur la requête jusqu'à ce que celle-ci soit tranchée.
Arguments pertinents
1. Incompétence négative et droit à un recours effectif : L'argument principal repose sur l'affirmation que l'article 34 de la loi du 24 novembre 2009 viole l'article 34 de la Constitution en raison de son incompétence négative. Il est soutenu que cet article ne permet pas un recours effectif pour contester le refus de rapprochement familial, ce qui contrevient à l'article 16 de la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen de 1789.
2. Fonctionnement du service public pénitentiaire : La décision souligne que la décision de refus de rapprochement familial émanant du directeur interrégional des services pénitentiaires ou du ministre de la justice doit se rattacher au fonctionnement du service public pénitentiaire et peut donc faire l’objet d’un recours pour excès de pouvoir devant la juridiction administrative.
3. Contrôle du juge administratif : Il est mentionné que le juge administratif, en cas de recours contre le refus de rapprochement familial, n'exerce qu'un contrôle de légalité et ne peut remettre en cause l'appréciation du magistrat ayant émis un avis conforme défavorable.
Interprétations et citations légales
1. Article 23-5 de l'ordonnance de 1958 : Cet article précise les conditions dans lesquelles la question prioritaire de constitutionnalité peut être soulevée. Il indique que la disposition contestée doit être applicable au litige, ne doit pas avoir déjà été déclarée conforme à la Constitution, et doit poser une question nouvelle ou sérieuse. La décision mentionne : « ...la question soulevée... présente un caractère sérieux. »
2. Article 34 de la loi n° 2009-1436 : Cet article définit clairement les conditions de rapprochement familial des prévenus. La décision précise que : « Les prévenus dont l'instruction est achevée et qui attendent leur comparution [...] peuvent bénéficier d'un rapprochement familial [...] ». L'absence d'un recours effectif contre un avis défavorable implique une potentielles atteinte aux droits garantis.
3. Code de procédure pénale - Article R. 57-8-7 : Ce texte encadre le processus de prise de décision concernant les demandes de rapprochement familial, en imposant que ces demandes soient subordonnées à l'accord du magistrat et en stipulant que le directeur interrégional ou le ministre de la justice peut refuser ces demandes. La décision indique : « Le directeur interrégional des services pénitentiaires, après avis conforme du magistrat [...] peut faire droit à la demande de rapprochement familial [...] ».
En somme, la décision aborde des questions cruciales concernant l’équilibre entre la sécurité publique et les droits individuels, particulièrement en ce qui concerne la vie familiale des détenus. La renvoyez au Conseil constitutionnel émane d'une volonté d'élucider la conformité de la loi avec les droits fondamentaux.