Résumé de la décision
L'association pour le Musée des Îles de Saint-Pierre-et-Miquelon a saisi le Conseil d'État afin d'annuler un arrêt de la cour administrative d'appel de Bordeaux qui rejetait sa demande d'annulation d'une convention du 31 décembre 1998. Cette convention concernait la cession de la propriété d'une collection d'œuvres d'art et d'objets à la collectivité territoriale en vue de leur affectation à un musée. Le Conseil d’État a renvoyé la question au Tribunal des conflits, soulevant une difficulté de compétence concernant l'action de l'association, et a décidé de surseoir à statuer jusqu’à ce que le Tribunal des conflits se prononce.
Arguments pertinents
1. Question de compétence : La décision souligne qu’il existe une question de compétence sérieuse quant à savoir si le litige relatif à l'annulation de la convention relève de la juridiction administrative. Cela est en ligne avec l'article 35 du décret du 27 février 2015, stipulant que lorsqu'il y a une telle difficulté, la juridiction peut renvoyer la question au Tribunal des conflits.
2. Engagements contractuels : La reconnaissance des obligations de la collectivité envers la préservation et l'utilisation de la collection est un élément clé. La convention a établi des responsabilités pour la collectivité, ce qui implique que le cadre contractuel doit être interprété dans le contexte des règles applicables, rendant la question de la compétence juridictionnelle d'autant plus complexe.
Citation pertinente : "Le litige né de l'action de l'association pour le musée des Iles de Saint-Pierre-et-Miquelon tendant à ce que soit annulée une telle convention présente à juger une question de compétence soulevant une difficulté sérieuse..."
Interprétations et citations légales
1. Article 35 du décret du 27 février 2015 : Cet article stipule que "lorsqu'une juridiction est saisie d'un litige qui présente à juger, soit sur l'action introduite, soit sur une exception, une question de compétence soulevant une difficulté sérieuse et mettant en jeu la séparation des ordres de juridiction, elle peut, par une décision motivée qui n'est susceptible d'aucun recours, renvoyer au Tribunal des conflits le soin de décider sur cette question de compétence." Cela justifie la décision du Conseil d'État de renvoyer la question au Tribunal des conflits.
2. Contrat et obligations : La convention de cession stipule que la collectivité doit "respecter un certain nombre d'obligations relatives à la garde, à la conservation et à l'utilisation de la collection", ce qui introduit un véritable cadre contractuel. Cela soulève la question de savoir si un litige portant sur l'exécution de ces obligations devrait être traité par les juridictions administratives ou judiciaires.
Conclusion
La décision du Conseil d'État s'inscrit dans un contexte où la distinction entre les compétences de la juridiction administrative et judiciaire est mise en question, surtout dans les affaires touchant aux engagements contractuels des collectivités territoriales. Cela souligne la complexité des litiges impliquant des associations et des entités publiques dans le cadre de conventions de cession de biens culturels.