Résumé de la décision
Cette décision concerne M. A... B..., citoyen somalien qui a formulé une demande d'asile en France le 7 novembre 2018, refusée comme irrecevable par l'Office français de protection des réfugiés et apatrides (OFPRA) le 16 juillet 2019. L'OFPRA a affirmé que M. B... bénéficiait déjà d’une protection dans un autre État membre, en l'occurrence Malte. La Cour nationale du droit d’asile a annulé cette décision le 3 mars 2020, renvoyant l’affaire à l’OFPRA. Ce dernier a contesté cette décision devant le Conseil d'État, qui a finalement annulé le jugement de la Cour nationale en considérant qu’elle avait commis une erreur de droit en jugeant que M. B... n'avait pas été mis à même de présenter ses observations sur le motif d'irrecevabilité.
Arguments pertinents
1. Examen individuel de la demande : L’article L. 733-5 du Code de l'entrée et du séjour des étrangers et du droit d’asile stipule que la Cour nationale doit s'assurer qu'une décision d’irrecevabilité n’a pas été prise sans un examen individuel de la demande. En l’espèce, le Conseil d'État a relevé que la Cour n’avait pas correctement évalué si l’entretien avait permis à M. B... de défendre sa position quant au motif d’irrecevabilité.
> « La cour ne peut annuler une décision du directeur général de l'office et lui renvoyer l'examen de la demande d'asile que lorsqu'elle juge que l'office a pris cette décision sans procéder à un examen individuel de la demande ou en se dispensant […] d'un entretien personnel avec le demandeur. »
2. Préservation des droits du demandeur : Selon l'article L. 723-11, un entretien personnel est crucial et doit aborder les motifs d'irrecevabilité. En omettant de signifier le motif d’irrecevabilité spécifique à M. B... lors de l’entretien, la Cour nationale a enfreint ce droit.
> « […] Lors de l'entretien personnel […] le demandeur est mis à même de présenter ses observations sur l'application du motif d'irrecevabilité […] à sa situation personnelle. »
Interprétations et citations légales
- Interprétation de l'article L. 723-11 : Le Conseil d'État souligne que même si un demandeur bénéficie d'une protection dans un autre État, l'office doit lui permettre de faire valoir ses observations. La Cour nationale a failli à son obligation en se fondant sur une notion « d’absence d’information spécifique » lors de l’entretien, ce qui a conduit à une invalidation de sa décision pour erreur de droit.
- Interprétation de l'article L. 733-5 : Cet article confère à la Cour nationale du droit d'asile un rôle crucial d'examen des situations individuelles des demandeurs. La décision du Conseil d'État rappelle que le simple fait que M. B... ait une protection dans un autre pays ne pourrait justifier l'irrecevabilité de sa demande d'asile sans un examen approfondi.
Cette analyse souligne l'importance des procédures de protection des droits des demandeurs d'asile, garantissant qu'aucune décision ne soit prise sans avoir entendu le candidat, conformément aux obligations légales inscrites dans le code du droit d'asile.