Résumé de la décision
La décision concerne une question prioritaire de constitutionnalité soulevée par l'association Médecins du Monde et d'autres entités vis-à-vis de certaines dispositions du code pénal relatives à la prostitution, issues de la loi n° 2016-444 du 13 avril 2016. Ces dispositions établissent une infraction pour ceux qui achètent des actes sexuels et prévoient des sanctions. Le Conseil d'État a jugé irrecevable l'intervention de l'association Le mouvement du nid, qui s'opposait à la question prioritaire de constitutionnalité sans avoir participé à l'action principale. La question de la conformité à la Constitution des articles contestés a été renvoyée au Conseil constitutionnel pour examen, suspectée de porter atteinte à plusieurs droits garantis par la Constitution.
Arguments pertinents
1. Irrecevabilité de l'intervention : L'association Le mouvement du nid n'a pas été partie à l'action principale, sa demande d'intervention est donc irrecevable. Comme le souligne le Conseil d'État, "une intervention, aussi bien en demande qu'en défense, n'est recevable à l'appui du mémoire [...] qu'à la condition que son auteur soit également intervenu dans le cadre de l'action principale".
2. Question prioritaire de constitutionnalité : Les dispositions contestées des articles du code pénal sont applicables au litige à l’issue duquel elles sont soulevées et n’ont pas déjà été déclarées conformes à la Constitution. Le Conseil d'État conclut que le moyen invoqué soulève une question présentant un caractère sérieux en raison des possibles atteintes aux droits garantis par la Constitution, notamment le droit au respect de la vie privée, la liberté d’entreprendre, et le principe de nécessité et de proportionnalité des peines.
Interprétations et citations légales
1. Ordonnance n° 58-1067 du 7 novembre 1958 : Cette ordonnance régit le fonctionnement et les compétences du Conseil constitutionnel, en indiquant les conditions de sa saisine. Selon l’article 23-5, "le moyen tiré de ce qu'une disposition législative porte atteinte aux droits et libertés garantis par la Constitution peut être soulevé [...] à l'occasion d'une instance devant le Conseil d'État".
2. Code pénal - Articles 611-1, 225-12-1, 131-16, 225-20 : Ces articles créent une infraction consistant à acheter des actes sexuels et prévoient des sanctions, dont un stage de sensibilisation. Il convient de noter que le Conseil d'État souligne que ces dispositions "n'ont pas déjà été déclarées conformes à la Constitution", ce qui est essentiel pour la validité de la question prioritaire.
3. Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen - Article 2 et Article 4 : Les droits potentiellement violés par les dispositions en question incluent le droit au respect de la vie privée et la liberté d'entreprendre. La question prioritaire de constitutionnalité soulève "une question présentant un caractère sérieux" sur ces droits fondamentaux, justifiant le renvoi au Conseil constitutionnel.
L'interprétation de ces textes met en lumière les tensions juridiques entre la volonté de lutte contre la prostitution et la protection des libertés individuelles, ce qui justifie un débat approfondi sur la conformité des dispositions contestées avec les principes constitutionnels.