Résumé de la décision
M. A...B... a formé un pourvoi en cassation contre une ordonnance du 15 décembre 2017, par laquelle le juge des référés de la cour administrative d'appel de Nantes avait rejeté son appel contre l'ordonnance du juge des référés du tribunal administratif de Nantes du 17 juillet 2017. Cette dernière avait également rejeté sa demande de constatation de ses conditions de détention à la maison d'arrêt d'Angers. Le Conseil d'État a annulé l'ordonnance du juge des référés de la cour administrative d'appel, considérant qu'il y avait eu une erreur de droit, mais a également rejeté la demande de M. B..., estimant que sa requête se rapportait à des faits désormais révolus. Enfin, les conclusions au titre de l'article L. 761-1 quant à l'imputation des frais à l'État ont également été rejetées.
Arguments pertinents
1. Erreurs de droit : Le juge des référés de la cour a commis une erreur de droit en jugeant que la demande ne revêtait pas un caractère utile. Le Conseil d'État a estimé que le juge des référés devait apprécier l'utilité de la mesure de constatation au moment où il statue. L'oubli de cette appréciation a conduit à l'annulation de l'ordonnance.
> « Le juge des référés, saisi d'une demande de constat présentée sur le fondement de ces dispositions, d'apprécier l'utilité de la mesure sollicitée à la date à laquelle il statue. »
2. Constatation de faits révolus : Le Conseil d'État a évalué que M. B... n'était plus détenu dans la maison d'arrêt d'Angers au moment de la décision, et que faire constater ses conditions de détention n'était plus pertinent car les conséquences de ces faits ne pouvaient plus être évaluées au stade actuel.
> « En l'absence de circonstance particulière, la mesure sollicitée, portant sur les conditions de détention de M. B... à la maison d'arrêt d'Angers, doit être regardée comme tendant au constat de faits désormais révolus dont les conséquences ne peuvent plus être utilement constatées. »
Interprétations et citations légales
Le décision s'appuie sur l'interprétation de l'article R. 531-1 du Code de justice administrative, qui permet au juge des référés de désigner un expert pour constater des faits, mais souligne que cette mesure doit être utile et pertinente au moment de la demande.
- Code de justice administrative - Article R. 531-1 :
> « S'il n'est rien demandé de plus que la constatation de faits, le juge des référés peut, sur simple requête... désigner un expert pour constater sans délai les faits qui seraient susceptibles de donner lieu à un litige devant la juridiction. »
En outre, le refus d'imputer les frais à l'État s'appuie sur les dispositions de l'article L. 761-1 du Code de justice administrative, qui prévoit que les frais d'instance ne peuvent être remboursés que si la partie adverse est perdante.
- Code de justice administrative - Article L. 761-1 :
> « [Les] dispositions font obstacle à ce qu'une somme soit mise à ce titre à la charge de l'Etat qui n'est pas, dans la présente instance, la partie perdante. »
Cette décision illustre sophistiquée des principes de droit administratif, notamment la nécessité d'un lien temporel et d'une utilité des demandes dans les procédures de référé.