Résumé de la décision
L'arrêté du 20 octobre 2017 pris par le gouvernement de la Polynésie française établit un principe concernant la détermination des sommes récupérables par la caisse de prévoyance sociale par la voie d'un recours subrogatoire auprès des tiers responsables de préjudices causés à ses assurés. Ce principe stipule que les sommes seraient évaluées à un montant forfaitaire équivalent aux tarifs individuels des prestations de soins pour les personnes ne relevant pas de la caisse. Toutefois, le tribunal a conclu que cette mesure ne relève pas des compétences du conseil des ministres, mais doit être définie par une "loi du pays", par conséquent, l'arrêté est considéré comme illégal et méconnaît la répartition des compétences en matière de sécurité sociale en Polynésie française.
Arguments pertinents
1. Compétence en matière de sécurité sociale
La décision rappelle que les questions relatives à la sécurité sociale sont de la compétence exclusive de la Polynésie française, en vertu des articles pertinents de la loi organique. Ainsi, l’assemblée de la Polynésie française est seule en mesure de définir les principes fondamentaux de la sécurité sociale. Cela est affirmé par l’article 13 de la loi organique du 27 février 2004 qui stipule : "les autorités de la Polynésie française sont compétentes dans toutes les matières qui ne sont pas dévolues à l'Etat".
2. Qualification juridique de l'arrêté
L’arrêté du 20 octobre 2017, en établissant un principe sans que celui-ci soit inscrit dans une "loi du pays" ou dans un texte législatif, a été jugé contraire à la répartition des compétences. Il ne s'agit que d'une mesure réglementaire alors que le fondement de tels principes doit être législatif, ce qui rend l'acte inopérant.
Interprétations et citations légales
1. Interprétation de la loi organique concernant la sécurité sociale
Selon l'article 34 de la Constitution, "La loi détermine les principes fondamentaux (...) de la sécurité sociale", ce qui ancre la nécessité d'une base législative. De plus, "les règles relatives à la sécurité sociale ne sont pas au nombre des matières dévolues à l'État par l'article 14" (Loi organique n° 2004-192 - Article 14), confirmant ainsi que la gestion de ces questions revient aux autorités locales.
2. Répartition des compétences
La décision précise que l'article 90 de la loi organique (Loi organique n° 2004-192 - Article 90) permet au conseil des ministres de fixer certaines règles, mais "sous réserve" du domaine des actes de l'assemblée. L'absence d'une "loi du pays" pertinente pour les sommes recouvrables signifie que la compétence pour établir une telle référence incombe exclusivement à l'assemblée de la Polynésie française. Par conséquent, l'interprétation de la réglementation par l'arrêté 2017 contredit les textes sur la dévolution des compétences, justifiant ainsi la décision du tribunal.
Conclusion
La décision en question souligne l’importance de la répartition des compétences entre les organes exécutifs et législatifs en Polynésie française, en particulier dans le domaine de la sécurité sociale, et l'illégalité de l'arrêté basé sur des principes non légiférés. Cette affaire démontre également l'importance d'une réglementation qui respecte les compétences définies par la loi organique, renforçant ainsi l'État de droit au sein de la collectivité.