Résumé de la décision
La décision concerne M. A...B..., qui a contesté la légalité de certaines dispositions du code de procédure pénale permettant à l'administration pénitentiaire de prélever d'office des fonds sur les comptes des détenus. M. B... a demandé l'abrogation de ces dispositions. Le Conseil d'État, après examen, a annulé la décision implicite de rejet du garde des sceaux concernant cette demande, en concluant que les articles appliqués autorisaient des privations du droit de propriété sans fondement législatif adéquat. En conséquence, l'État a été condamné à verser 3 000 euros à l'avocat de M. B... pour frais de justice.
Arguments pertinents
1. Incompétence du pouvoir réglementaire :
La décision souligne que le pouvoir réglementaire ne peut pas légitimement exiger la confiscation de bien sans un fondement législatif. Le Conseil d'État affirme que « le pouvoir réglementaire n'est pas compétent pour autoriser ainsi une privation du droit de propriété ».
2. Droit de propriété :
La décision met en avant que les dispositions concernées portent atteinte au droit de propriété, affirmant que « les dispositions autorisent l'administration à confisquer des sommes trouvées en possession irrégulière de détenus, qui peuvent être leur propriété », sans habilitation législative.
3. Absence de nécessité légale :
Le Conseil d'État conclut que « aucune disposition législative n'habilite le pouvoir réglementaire à cette fin », ce qui justifie l'abrogation des articles en question.
Interprétations et citations légales
1. Article 728-1 du Code de procédure pénale :
Cet article établit les conditions de gestion des valeurs pécuniaires des détenus. Il précise que « les valeurs pécuniaires des détenus, inscrites à un compte nominatif ouvert à l'établissement pénitentiaire, sont divisées en trois parts », dont certaines peuvent faire l'objet de retenues. Toutefois, le Conseil d'État a interprété ces dispositions comme ne pouvant pas légitimer la privation des droits de propriété.
2. Article D 332 du Code de procédure pénale :
Cet article permet à l’administration pénitentiaire de prélever d'office des retenues. Le Conseil d'État précise que « ces retenues sont prononcées par le chef d'établissement » mais affirmer qu'elles entraînent une « privation du droit de propriété » incompatible avec l'étendue des prérogatives réglementaires.
3. Loi n° 91-647 du 10 juillet 1991 :
Cette loi régit l'aide juridictionnelle. Le Conseil d'État a statué que M. B... avait droit à cette forme d'aide, ouvrant ainsi la voie à la demande de remboursement par son avocat, ce qui figure dans l'article 37 de cette loi, stipulant les obligations de l'État vis-à-vis des frais de justice pour ceux bénéficiaires d'aide juridique.
En conclusion, la décision du Conseil d'État établit une limitation stricte des prérogatives administratives en matière de prélèvement sur les comptes des détenus, en affirmant la nécessité d'un cadre législatif clair et approprié pour toute atteinte au droit de propriété.