Résumé de la décision
La décision concernait une question prioritaire de constitutionnalité (QPC) soulevée par M. A...B..., qui contestait la conformité à la Constitution des dispositions de l'article L. 111-6 du code de l'urbanisme. Ce texte interdit le raccordement aux réseaux publics pour les bâtiments construits sans autorisation. Le Conseil d'État a jugé que cette disposition ne soulevait pas de questions sérieuses de constitutionnalité, en particulier concernant le droit de propriété, l'égalité devant la loi, et l'accès à un logement décent. Il a donc décidé de ne pas renvoyer la question au Conseil constitutionnel.
Arguments pertinents
1. Droit de propriété : Le Conseil d'État a noté qu'il n'y avait pas de question sérieuse quant à la conformité de l'article L. 111-6 avec le droit de propriété. En effet, il a relevé que ce texte vise un intérêt général en garantissant le respect des règles d'urbanisme. "Le raccordement de propriétés aux réseaux aboutit à conforter des situations irrégulières", ce qui justifie l'interdiction.
2. Méconnaissance de la compétence législative : La décision a relevé qu'une prétendue méconnaissance de la compétence du législateur ne peut être invoquée que si elle affecte un droit ou une liberté garanti par la Constitution. Le Conseil a déclaré que "l'objectif de valeur constitutionnelle que constitue pour toute personne la possibilité de disposer d'un logement décent... n’est pas, à lui seul, au nombre des droits et libertés garanties par la Constitution".
3. Principe d'égalité : Concernant le principe d'égalité, le Conseil d'État a précisé que les propriétaires de bâtiments irrégulièrement construits se trouvaient dans une situation distincte de celle des propriétaires ayant obtenu une autorisation. Par conséquent, "les dispositions de l'article L. 111-6 du code de l'urbanisme... ne soulèvent... aucune question sérieuse de constitutionnalité au regard du principe constitutionnel d'égalité devant la loi".
Interprétations et citations légales
1. L'article L. 111-6 du code de l'urbanisme : Cet article stipule que "Les bâtiments, locaux ou installations... ne peuvent... être raccordés définitivement aux réseaux... si leur construction ou transformation n'a pas été... autorisée...". Cette disposition est conçue pour mettre fin aux infractions liées à l'urbanisme et ne permet pas le raccordement en cas de non-respect des réglementations.
2. Article 23-5 de l'ordonnance n° 58-1067 : Cet article détermine les conditions de saisine du Conseil constitutionnel. Il précise que la question prioritaire de constitutionnalité doit être "nouvelle ou présenter un caractère sérieux". Le Conseil d'État a estimé que les arguments soulevés par M. B... ne remplissaient pas ces critères, affirmant : "il n'y a pas lieu de renvoyer au Conseil constitutionnel la question prioritaire de constitutionnalité invoquée qui n'est pas nouvelle et ne présente pas de caractère sérieux".
3. Article 6 de la Constitution : Le principe d'égalité devant la loi est également en jeu. Le Conseil a affirmé que la différence de traitement entre les propriétaires ayant respecté les règles et ceux ayant construit illégalement ne contrevient pas au principe d'égalité : "les propriétaires des bâtiments, locaux et installations irrégulièrement construits... se trouvent dans une situation différente de celle des propriétaires qui ont obtenu les autorisations".
En conclusion, la décision du Conseil d'État souligne l'importance de la conformité aux règles d'urbanisme tout en affirmant que ces mêmes règles ne portent pas atteinte aux droits garantis par la Constitution.