Résumé de la décision :
M. B... a demandé l'annulation de la décision implicite résultant du silence du Président de la République concernant sa demande d'abrogation du décret du 31 janvier 2019, qui nommait Mme D... A... présidente de la Commission nationale de l'informatique et des libertés. Le Conseil d'Etat a rejeté cette demande, en concluant que le Président de la République était dans une situation de compétence liée pour rejeter la demande, car les conditions d'abrogation du mandat n'étaient pas satisfaites.
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Arguments pertinents :
1. Inopérabilité des moyens invoqués : Le Conseil d'Etat a signalé que les conditions spécifiées pour mettre fin au mandat d'un membre d'une autorité administrative indépendante, telles que définies par la loi, n'étaient pas remplies en l'espèce. Cela a conduit à la conclusion que le Président de la République, se basant sur le cadre juridique, devait rejeter la demande de M. B...
2. Compétence liée : Dans le cadre d'une compétence liée, l'autorité administrative n'a pas de pouvoir discrétionnaire et doit agir conformément aux conditions légales. Le Conseil d’Etat stipule que le Président ne pouvait que rejeter la demande car "il ne peut être mis fin au mandat du membre d'une autorité administrative indépendante" que selon les modalités prévues par la loi.
3. Respect des droits de la personne concernée : Le Conseil d’Etat rappelle que la procédure pour mettre un terme aux fonctions d’un membre d'une autorité indépendante doit respecter les droits de l'affecté, qui notamment incluent l’occasion de produire ses observations : "l'intéressé a été en mesure de produire ses observations dans un délai qui ne peut être inférieur à une semaine".
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Interprétations et citations légales :
1. Conditions d’abrogation des mandats : La loi n° 2017-55 du 20 janvier 2017, à son article 6, précise clairement les conditions d’interruption des mandats au sein des autorités administratives indépendantes : "Le mandat peut être suspendu", "il ne peut être mis fin aux fonctions d'un membre du collège que dans les formes prévues" par la loi. Cela démontre que l'annulation ou la suspension d'un mandat repose sur un cadre procédural strict.
2. La compétence liée du Président : Le Conseil d'Etat souligne que le Président de la République “se trouve, dès lors, en situation de compétence liée” car si les conditions ne sont pas remplies, il n'y a pas de marge de manœuvre. Cela implique que des décisions administratives doivent être prises sans écart par rapport à ce qui est prescrit par la loi.
3. Respect du droit d’être entendu : Le droit de l'intéressé à être entendu avant toute possibilité de sanction est renforcé par la phrase "l'intéressé a été en mesure de produire ses observations". Cela sous-entend que toute procédure doit assurer ce droit comme fondement même de la justice administrative.
Ces éléments témoignent d'une interprétation rigoureuse de la loi, illustrant ainsi le rôle fondamental des procédures dans le cadre de la justice administrative.