Résumé de la décision
Le Conseil d'État a été saisi par le préfet du Territoire de Belfort, qui contestait un jugement du tribunal administratif de Besançon daté du 29 juillet 2020, annulant les élections municipales à Roppe du 15 mars 2020 pour avoir proclamé élus un nombre de conseillers municipaux supérieur au nombre de sièges à pourvoir. La décision du Conseil d'État a consisté à annuler uniquement l'élection de deux conseillers municipaux, Mme E... A... et M. C... B..., en raison d'une irrégularité dans le dépassement du nombre de candidats élus, tout en maintenant la validité des autres opérations électorales.
Arguments pertinents
1. Nombre de conseillers municipaux : Le Conseil d'État souligne que selon le Code général des collectivités territoriales, le nombre de conseillers municipaux est fixé pour les communes en fonction de leur population. Pour Roppe, qui compte 1045 habitants, seuls quinze sièges devaient être pourvus, conformément à l'article L. 2121-2 du Code général des collectivités territoriales.
2. Irrégularité limitée : L'élection des deux candidats supplémentaires, alors qu'il n'était pas permis de dépasser le nombre de sièges, constitue une irrégularité. Cependant, le Conseil d'État conclut que cette irrégularité n'entache pas l'ensemble des opérations électorales, permettant ainsi de maintenir celles-ci tout en annulant uniquement les élections des deux candidats concernés.
3. Décision du tribunal administratif : Le jugement du tribunal administratif ayant annulé toutes les opérations électorales a été jugé excessif, justifiant ainsi la réforme en ce sens.
Interprétations et citations légales
1. Sur le nombre de candidats à élire : Le Conseil d'État interprète les articles du Code électoral pour préciser que, même si une liste peut comporter des candidats supplémentaires, le total des élus ne doit pas excéder le plafond fixé par la loi. Comme stipulé par l'article L. 260 du Code électoral : "Les conseillers municipaux sont élus au scrutin de liste à deux tours [...] sous réserve de l'application des dispositions prévues [...]". Par conséquent, la proclamation de candidats supplémentaires est illégale.
2. Sur la validité des élections : Le juge a affirmé que l'irrégularité ne viciant pas l'ensemble des opérations électorales, est conforme aux principes de droit électoral en permettant de maintenir la légitimité des autres élus (article L. 270 du Code électoral : "Le candidat venant sur une liste [...] est appelé à remplacer le conseiller municipal élu [...] dont le siège devient vacant"). Cela crée un équilibre entre le respect des procédures électorales et la reconnaissance de la volonté populaire exprimée durant les élections.
En résumé, le Conseil d'État a appliqué des principes stricts concernant le cadre légal des élections tout en évitant d'oblitérer des décisions populaires erronées uniquement à cause d'une erreur d'application d'ordre technique.